Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, d'Eric-Emmanuel Schmitt

Publié le par mademoisellechristelle

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, d'Eric-Emmanuel Schmitt

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Ce que dit la quatrième de couv’ : Paris, années 60. Momo, un garçon juif de 11 ans, devient l’ami du vieil épicier arabe de la rue Bleue, pour échapper à une famille sans amour. Mais les apparences sont trompeuses : Monsieur Ibrahim n’est pas arabe, la rue Bleue n’est pas bleue, et la vie ordinaire peut-être pas si ordinaire…

A treize ans, j'ai cassé mon cochon et je suis allé voir les putes.
Mon cochon, c'était une tirelire en porcelaine vernie, couleur de vomi, avec une fente qui permettait à la pièce d'entrer mais pas de sortir. Mon père l'avait choisie, cette tirelire à sens unique, parce qu'elle correspondait à sa conception de la vie : l'argent est fait pour être gardé, pas dépensé.

Ce que j’en pense : Pour celles et ceux qui me suivent, vous savez qu’Éric–Emmanuel Schmitt est l’un de mes auteurs préférés. Ayant besoin d’une grosse dose de positivité en ce moment, je me suis tournée vers ce livre.

- M'sieur Ibrahim, quand je dis que c'est un truc de gens riches, le sourire, je veux dire que c'est un truc pour les gens heureux.
-Eh bien, c'est là que tu te trompes. C'est sourire, qui rend heureux. [...] Essaie de sourire, tu verras.

Le sourire. Il ne m’a pas quitté pendant 66 pages.

Il y a beaucoup de choses à dire (et à écrire) sur ce petit livre qui en dit long. A dire vrai, ce billet m’a même donné du fil à retordre ! J’avais envie de donner tellement d’infirmations en même temps que mon premier jet était complètement fouillis. Comme quoi, ce n’est pas la taille (du livre) qui compte. J’ai donc choisi de ne me concentrer que sur un nombre limité de thèmes pour plus de clarté.

« Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » est un conte philosophique qui n’en n’a pas l’air. Monsieur Ibrahim est l’épicier arabe de la rue bleue ; c’est un vieux Monsieur discret et solitaire. Momo est un jeune garçon juif de quatorze ans qui vit dans la rue bleue ; délaissé par un père taciturne et trop occupé par son travail, Momo est un garçon espiègle qui ne demande qu’à découvrir la vie.

Ces deux personnages n’auraient jamais dû interagir entre eux et encore moins se prendre d’affection l’un pour l’autre. Et pourtant…

- Comment vous faites, vous, pour être heureux, Monsieur Ibrahim ?
-Je sais ce qu’il y a dans mon Coran.
-Faudrait peut-être un jour que je vous le pique, votre Coran. Même si ça se fait pas, quand on est juif.

Sous prétexte d’une histoire entre un épicier musulman et un jeune garçon juif, Eric-Emmanuel Schmitt jongle avec brio entre plusieurs thèmes et met comme à son habitude la philosophie à la portée de tous.

L’un des thèmes abordés par le livre, ce sont les apparences. Les apparences peuvent parfois être trompeuses, surtout dans la rue bleue : un « arabe » n’est pas forcément un Arabe, un géniteur n’est pas forcément un père et la vie ordinaire ne l’est peut-être pas tant que ça. Et lorsque l’on se donne la peine d’aller au-delà, ça en vaut vraiment la peine..

Le livre aborde également le passage de l’adolescence à l’âge adulte pour Momo, alias Moïse (ou Mohammed). Et celui qui va l’y aider et lui transmettre son savoir n’est pas son père mais Monsieur Ibrahim, l’arable du coin qui n’est pas Arabe. Et non seulement Monsieur Ibrahim va guider Momo, mais il va aussi lui enseigner le sens de la vie. 

Lorsqu’on veut apprendre quelque chose, on ne prend pas un livre. On parle avec quelqu’un. Je ne crois pas aux livres.

A mon sens, le thème majeur du bouquin est évidemment la tolérance et le regard de l’autre.

Monsieur Ibrahim et Momo n’ont pas la même confession ; ils sont même de deux confessions qu’un conflit international oppose : l’un est juif, l’autre est musulman. Et pourtant, leurs religions respectives ne seront à aucun moment un obstacle à leur profond attachement l’un à l’autre. A aucun moment, Monsieur Ibrahim ne tente de convertir Momo à l’Islam, même s’il lui prête un Coran. Bien au contraire, il l’incite à s’interroger sur ce qui l’entoure, les choses de la vie, mais il n’essaye à aucun moment de lui imposer des idées et des clichés sur l’une ou l’autre religion.

Eric-Emmanuel Schmitt nous invite à nous demander ce que représente la religion pour nous. Est-elle importante au point d’entrer en conflit avec son voisin ? 

Avec Monsieur Ibrahim, je me rendais compte que les juifs, les musulmans et même les chrétiens, ils avaient eu plein de grands hommes en commun avant de se taper sur la gueule.

Les personnages sont beaucoup plus qu’attachants, ils sont vivants. Monsieur Ibrahim est un personnage qui parle par énigmes, surtout pour Momo qui ne connait pas grand-chose à la vie. Il fait preuve d’une grande sagesse et de bienveillance à l’égard de Momo, qu’il va prendre sous son aile et aimer comme un fils. Il m’est avis que nous rêvons tous secrètement de rencontrer une personnalité aussi inspirante que Monsieur Ibrahim au cours de notre existence.

J’ai éprouvé de l’empathie pour Momo à de nombreuses reprises, abandonné par sa mère puis son père, cet enfant est livré à lui-même et est obligé de grandir plus vite que les autres. Si Momo, avait existé aujourd’hui, on lui aurait sûrement fait suivre une thérapie. Le remède choisi par l’auteur est beaucoup mieux.

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran a été adapté au cinéma

L’écriture d’Eric-Emmanuel Schmitt est très douce et bienveillante (c’est d’ailleurs l’impression qu’il me donne quand je le vois à la TV). Il sait véritablement donner vie à un décor digne d’un film des années 60. On imagine très bien la rue bleue comme une rue populaire (et non bourgeoise), très passante, avec ses petits commerces, où les enfants jouent au ballon et où tout le monde se connait et s’entraide.

Ce fut un véritable plaisir que de lire « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » : ce fut une lecture résolument optimiste pour un public d’optimiste.

Qui Aime le lise !                                                                          

Ma note : 4/5

 

Publié dans Littérature

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B
C'est un auteur que j'apprécie beaucoup et ce conte permet de croire en l'homme
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M
C'est un de mes auteurs favoris ! Il m'a donné le sourire pendant 70 pages, et pour cela, je le remercie..
L
Un très joli conte emplit d'humanité et de bienveillance qui nous donne envie de croire en la bonté de l'Homme et de l'âme :)
Répondre
M
Et on en a bien besoin en ce moment !