La première fois que j'ai été deux de Bertrand Jullien-Nogarède

Publié le par mademoisellechristelle

 

Ce que dit la quatrième de couv’ : Le scooter de Tom nous emporta loin du monde. Mes bras entouraient sa taille et je laissai ma tête reposer doucement sur son épaule. Je ne crois pas avoir été plus heureuse qu'à cet instant. Juste une fille comme les autres. Il avait suffi qu'un anglais à cravate surgisse de nulle part pour que mes pieds ne touchent plus le macadam. J'étais vraiment folle amoureuse ...

C’était juste avant les vacances de la Toussaint…
Nous suivions le cours de Mme Bulot, notre prof de maths. J’ai évidemment oublié le thème de son interminable jactance. Mme Bulot fait partie des enseignants qui en font trop. Elle explique trop mal, elle s’énerve pour un rien, elle parle sans arrêt… C’est sa nature. De mon côté, je ne retiens rien en maths. Mes profs successifs ont souvent attribué mes mauvais résultats à la paresse. C’est faux. La vérité, c’est que je me fous des maths comme d’une guigne !

Ce que j’en pense : oh tristesse, oh déception… A force de voir ce bouquin sur instagram, je me suis dit qu’il devait en valoir la peine. Bien mal m’en a pris, car j’en ai été fort déçue…

 

J’ai toujours accordé une attention particulière aux romances écrites par des hommes. Moi qui essaie de percer le mystère masculin depuis des années, je me dis que ce genre de lecture pourrait m’y aider. Ce livre était donc l’occasion d’étancher ma soif de savoir…

 

Karen est une lycéenne de 17 ans vivant en banlieue éloignée de Paris. De nature discrète, elle déteste se faire remarquer et encore moins par les garçons de son âge qui ne pensent qu’à exhiber leurs muscles. Alors quand arrive Tom, un nouvel élève de son lycée venu tout droit de Londres, Karen est immédiatement intriguée. Mieux même : elle est subjuguée.

D’autant plus que Tom a beaucoup de charme et… beaucoup de points communs avec Karen. La magie opère immédiatement entre eux. Karen est sur un petit nuage. Mais le cœur et la tête de Tom sont restés à Londres, où il retournera sur un coup de tête. Va-t-il pour autant s’éloigner de Karen ?

 

Comme l’intrigue le laisse deviner, cette histoire d’amour entre Tom et Karen (non mais franchement, quelle idée de choisir des prénoms pareils) est saupoudrée d’une bonne couche de mièvrerie ; c’est de la guimauve entourée de chocolat. Impossible dans la vraie vie, car Tom aurait aussitôt oublié Karen une fois la gare du Nord dépassée et se serait déjà connecté sur Tinder avant de traverser la Manche.

 

L’histoire tourne beaucoup en rond et le personnage de Karen, la narratrice, est très autocentrée. Elle est aussi extrêmement indécise : « je suis amoureuse de Tom »… « mais où cette relation va-t-elle nous mener ? »… « je suis tellement bien dans ses bras »… « ça ne durera pas, il est trop bien pour moi »…

 

On dirait qu’elle ne peut pas profiter du bonheur. Pendant 10 lignes, je veux bien, mais pendant 100 pages, j’ai l’impression d’être schizophrène. Elle me rappelle Anastasia Steele, l’héroïne de « Cinquante nuances de Grey ». C’est le même genre d’héroïne et le même genre de « prince charmant » : charismatique, prévenant, cultivé et… avec un portefeuille bien rempli ! Hey hey, malines les petites !

C'était la première fois que Tom m'appelait "ma petite chérie". J'en fus surprise et touchée. Personne ne m'avait jusqu'alors appelée "ma petite chérie". Il en est des privilèges comme des poissons rouges : leur utilité reste à définir, mais on en est pas moins content au début ! Quand j'entends des adultes se donner toutes sortes de sobriquets amoureux, je trouve évidemment ça totalement ridicule. J'ai raison, d'ailleurs. Rien n'est plus bête. Mais "ma petite chérie", c'est quand même trop mignon. C'est mon petit nom cucul à moi. Après tout, j'ai bien le droit à mon morceau de guimauve à moi. L'amour a des vertus aphrodisiaques qui nous rendent de toute façon assez crétins pour ne plus vous amuser de situations qui nous faisaient hurler la veille. J'étais peut-être tout simplement en train de devenir adulte...

Le point positif c’est le côté « musical » du roman car l’auteur fait sans cesse référence à la musique (rock) ; tellement que la bande son du livre est fournie à la fin. En effet, notre ami Tom fait évidemment partie d’un groupe de rock rebelle trop cool dont il est le chanteur. Et bien évidemment, il ne manquera pas d’inviter sa groupie préférée (alias Karen) à son concert. Comment ça, vous avez dit cliché ?

 

Ce genre de bouquin me fait m’interroger sur la place de la femme dans le roman d’amour. Sommes-nous ces choses fragiles qui attendons qu’un mâle dominant vienne nous impressionner avec sa culture et son argent ? En plein phénomène « me too » et alors que les femmes prennent de plus en plus le pouvoir, j’ai l’impression que cette histoire est en décalage avec son temps…

 

 

Ma note : 2/5

Publié dans Littérature

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