L'amour sous algorithme de Judith Duportail

Ce que dit la quatrième de couv’ : On y découvre – avec stupéfaction, souvent – moult détails sur la technologie de l’application, notamment au sujet de son sexisme.
Je suis en avance au cours d’abdos-fessiers, je m’appuie contre le mur pour attendre. Le grincement de mes baskets sur le lino me rappelle l’EPS au collège, quand on patientait dans le couloir du gymnase mal chauffé pour une poussive heure de handball ou autres « sports co » que je détestais. Sauf qu’ici, la clim est bien réglée et je suis la seule à m’habiller encore pareil qu’à l’époque du collège. Je détonne au milieu des filles aux tresses impeccables qui virevoltent derrière elles quand elles courent sur les tapis avec une aisance de gazelle.
Ce que j’en pense : Love me tinder, love me true.... Outil indispensable de la drague version 2.0, Tinder s'est invité dans les smartphones de la plupart des célibataires du troisième millénaire. Swipe à gauche, swipe à droite... tout le monde connait. Mais ce que l'on sait moins bien, c'est que nos amis de chez Tinder biaiseraient nos rencontres grâce à un algorithme mis en place à notre insu.
Tout a commencé lorsque Judith Duportail a découvert que Tinder, dans sa magnificence, attribuait à ses utilisateurs une note secrète de désirabilité, autrement appelée "Elo score" à laquelle nous n'avons pas accès. Ainsi, si une personne dite "désirable" a liké votre profil, votre note augmente ; au contraire, si une personne jugée peu désirable like votre profil, votre note diminue.
En poussant un peu plus son enquête, Judith Duportail découvre que Tinder va plus loin en se servant de nos données personnelles pour nous proposer des matchs : date de naissance, pages likées sur facebook, voire même notre QI. Ainsi, si je suis une jeune cadre dynamique qui aime les voyages et les grands bruns barbus, j'ai plus de chances de matcher sur Tinder avec un grand brun barbu de la même catégorie socio-professionnelle que moi et qui a liké les mêmes pages facebook que moi. En somme, les beaux et riches matchent avec les beaux et riches et les moches et pauvres matchent avec les moches et pauvres...
Moi qui pensait que mes match étaient le fruit du hasard et de la géolocalisation, je me suis bien mise le doigt dans l’œil (aïe, ça fait mal !)
Judith Duportail met également l'accent sur un point que j'ai trouvé très intéressant. Lorsqu'on est une fille, aller sur Tinder permet de se prendre un shot de narcissisme : on se sent belle, désirable, il y a tout de suite pleins de garçons qui veulent nous rencontrer. Et puis quand on a obtenu ce frisson d’égocentrisme, quand Tinder a comblé le vide que l'on était venu combler, on a souvent tendance à lâcher son téléphone et à oublier de répondre aux messages. Comportement que l'on reproche d'ailleurs souvent à la gente masculine...
J'ai adoré ma lecture de "l'amour sous algorithme" et j'ai trouvé que cet essai présenté sous la forme d'une enquête journalistique était extrêmement intéressant et révélateur, non seulement sur le réel fonctionnement de Tinder, mais également quant au comportement amoureux de notre fameuse génération Y. Bravo !
Ma note : 4/5
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Votre note désirabilité - Comment Tinder vous évalue en secret - Judith DUPORTAIL - Web2Day 2019
Judith DUPORTAIL Journaliste @LES JOURNALOPES ---------------------- Les coulisses de l'enquête de L'amour sous algorithme de Judith Duportail. ---------------------- The Web2day festival is 3 ...