Love me tender de Constance Debré

Ce que dit la quatrième de couv’ : « Je ne vois pas pourquoi l’amour entre une mère et un fils ne serait pas exactement comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s’aimer. Pourquoi on ne pourrait pas rompre. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s’en foutre, une fois pour toutes, de l’amour. »
Constance Debré poursuit sa quête entamée avec Play Boy, celle du sens, de la vie juste, de la vie bonne. Après la question de l’identité se pose la question de l’autre et de l’amour sous toutes ses formes, de l’amour maternel aux variations amoureuses. Faut-il, pour être libre, accueillir tout ce qui nous arrive ? Faut-il tout embrasser, jusqu’à nos propres défaites ? Peut-on renverser le chagrin ?
Je ne vois pas pourquoi l’amour entre une mère et un fils ne serait pas exactement comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s’aimer. Pourquoi on ne pourrait pas rompre. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s’en foutre, une fois pour toutes, de l’amour.
Ce que j’en pense : elle s’appelle Constance Debré. Elle est blindée, avocate, mariée et maman d’un petit garçon. Mais cette vie, ce n’est pas Constance, c’est un personnage qu’elle joue en feignant le bonheur. Un jour, Constance décide d’être elle-même : l’écriture s’impose alors à elle ; elle quitte le Barreau.
Constance quitte aussi son mari, Laurent. Qu’elle le quitte, passe encore, mais qu’elle le quitte parce qu’elle aime les femmes, ça ne passe pas du tout pour Laurent. Il décide de l’empêcher de voir leur fils, l’accuse d’inceste, d’être une mauvaise mère.
Constance rompt avec son mari, son fils et son ancienne vie. Elle part en quête : en quête d’elle-même, de sa liberté, d’amour, de plaisir charnel et s’interroge sur cet amour maternel qu’elle déconstruit face à ce fils qu’elle ne voit plus.
En lisant ce livre, il ne faut pas voir peur d’être bousculé : on baise, on fume, on lèche des chattes. Les mots sont crus, la narratrice peu conventionnelle. On ne comprend toujours pas le choix de Constance : « On me dit de ne pas publier le livre, on me dit de ne pas parler de cul, on me dit qu’il ne faut pas blesser Laurent, on me dit qu’il ne faut pas choquer les juges, on me dit de prendre un pseudo, on me dit de me laisser pousser les cheveux, on me dit de redevenir avocat, on me dit d’arrêter avec les tatouages, on me dit de me maquiller, on me demande si les mecs plus jamais, on me dit d’essayer de lui parler, on me dit qu’il exagère mais que ça doit pas être facile, on me dit que c’est normal que mon fils me rejette, on me dit qu’un enfant ça a besoin d’une mère, on me dit qu’une mère n’existe pas sans son fils, on me dit que je dois beaucoup souffrir, on me dit Je ne sais pas comment tu fais, on me dit, on me dit, on me dit ».
Malheureusement, l’être humain a tendance à rejeter ce qu’il ne comprend pas.
Mais Constance, elle s’en fout : elle a trouvé sa place, elle ne transigera pas sur sa liberté. Elle veut ressentir les choses au plus près, se rapprocher du monde, écrire surtout et encore. Son écriture m’a touché, son dénuement m’a ému, sa transgression m’a saisi, j’ai adoré la lire et j’espère la lire encore.
Ma note : 4/5