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Mon père, ma mère, mes tremblements de terre de Julien Dufresne Lamy

Publié le par mademoisellechristelle

Ce que dit la quatrième de couv’ : Dans cette salle, Charlie, quinze ans, patiente avec sa mère. D’ici cinq heures, son père sortira du bloc. Elle s’appellera Alice. Durant ce temps suspendu, Charlie se souvient des deux dernières années de vie de famille terrassée. Deux années de métamorphose, d’émoi et de rejet, de grands doutes et de petites euphories. Deux années sismiques que Charlie cherche à comprendre à jamais. Sur sa chaise d’hôpital, tandis que les heures s’écoulent, nerveuses, avant l’arrivée d’Alice, Charlie raconte alors la transition de son père, sans rien cacher, ce parcours plus monumental qu’un voyage dans l’espace, depuis le jour de Pâques où d’un chuchotement, son père s’est révélée. Où pour Charlie, la terre s’est mise à trembler.

Ma mère et moi entrons dans la salle d’attente.
Elle s’assoit à ma droite, retire son manteau, son écharpe.
Une baie vitrée nous regarde.
Dans l’espace, il y a des affiches et des posters écornés. Des slogans partout sur le dépistage du cancer du sein, sur le Botox et le côlon irritable, et même une assistance téléphonique avec un numéro vert disponible 24 heures/24.

Ce que j’en pense : Je m'appelle Charlie, j'ai 15 ans. Je patiente à l'hôpital. J'attends mon père qui est au bloc opératoire. Mon père Aurélien a décidé de de devenir Alice.

Alice. Depuis que mon père nous a annoncé qu'il ne se sentait pas lui-même dans son corps d'homme et qu'il avait décidé de devenir femme, la terre a tremblé pour ma mère et moi. Toute la vie de notre famille ne tourne plus qu'autour de ça à présent. Mon père passe son temps sur les forums, ma mère cherche sur internet des images de vaginoplastie et moi, je ne peux même pas faire ma crise d'adolescence comme tout le monde parce que mon père m'a volé la vedette.

Il y a le regard des autres, aussi. Depuis que papa est venue me chercher à l'école avec sa perruque blonde, je suis devenu l'enfant d'un dégénéré. Ma mère se fait appeler "la lesbienne" par tout le quartier, on lui retire les enfants dont elle a la garde en tant qu'assistante maternelle. Quant à mon père, elle s'est faite licencier de son travail car il n'y avait pas de place pour Alice ; ses amis lui ont tourné le dos, tout comme le reste de la famille.

Je vais vous raconter l'histoire de la transformation de mon père : les psys, les traitements, l'hôpital, les premiers changements physiques, la déroute, l'incompréhension, l'intolérance. Je vais vous raconter le jour où mon père est née à nouveau. Je vais vous raconter une histoire de famille et d'amour. Je vais vous raconter mon père, ma mère, mes tremblements de terre.

 

Ma note : 3,5/5

Publié dans Littérature

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Les impatientes de Djaïli Amadou Amal

Publié le par mademoisellechristelle

Ce que dit la quatrième de couv’ : Ce magnifique roman retrace le destin de Ramla, 17 ans, arrachée à son amour pour être mariée de force avec Alhadji Issa, un homme riche et déjà marié. Hindou, sa sœur du même âge, est contrainte d’épouser Moubarak, son cousin, alcoolique, drogué et violent. Quant à Safira, 35 ans, la première épouse d’Alhadji Issa, elle voit d’un très mauvais œil l’arrivée dans son foyer de la jeune Ramla, qu’elle veut voir répudiée. Pour les aider dans cette étape importante et difficile de leur vie, leur entourage ne leur donne qu’un seul et même conseil : Patience !

Mariage précoce forcé, viol conjugal, consensus et polygamie. Avec Les Impatientes, Amal brise les tabous en dénonçant la condition de la femme dans le Sahel et nous livre un roman poignant sur la question universelle des violences faites aux femmes.

« Patience, mes filles ! Munyal ! Intégrez-la dans votre vie future. Inscrivez-là dans votre cœur, répétez-la dans votre esprit. Munyal ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie. Telle est la seule valeur de notre religion, de nos coutumes, du pulaaku. Munyal, vous ne devrez jamais l’oublier. Munyal, mes filles ! Car la patience est une vertu.
- Dieu aime les personnes patientes », dit mon père.

Ce que j’en pense : Ce livre, c'est un peu une claque en pleine figure...

Nous sommes au Nord du Cameroun. Trois femmes prennent la parole à tour de rôle. Ramla est une jeune fille de 17 ans qui rêve d'aller à l'université et de devenir pharmacienne. Elle tombe amoureuse de l'ami de son frère qui lui demande sa main. Mais son père en a décidé autrement : elle épousera un homme riche et influent choisi par son oncle, âgé d'une cinquantaine d'années et qu'elle n'a jamais vu de sa vie.

Hindou est la petite sœur de Ramla. Elle est d'un caractère très doux et a toujours respecté sans broncher les préceptes du Coran et l'autorité paternelle. Son père choisira  de la marier avec son cousin, drogué, alcoolique et violent. Enfin, Safira est la première épouse du futur mari de Ramla. La polygamie imposée par son mari lui brise le cœur et elle voit d'un très mauvais œil l'arrivée de la nouvelle épouse qu'elle considère comme une rivale à éliminer.

A travers le récit de ces trois femmes, nous allons pénétrer au cœur des "concessions" camerounaises où cohabitent un mari, ses épouses et leurs enfants. Ce sont les hommes qui règnent en maitre sur la concession (père, oncles, etc...) et disposent des femmes et des filles comme bon leur semble, peu importent ce qu'elles veulent ou si elles consenties à ce qu'on leur demande ou pas.

Aux femmes, on leur apprend la patience. Munyal. Accepte sans te plaindre.

Ces trois récits sont tout simplement incroyables ! Ils sont bouleversants, puissants, nécessaires. C'est un vrai coup de cœur me concernant. Ce qu'on se prend en pleine figure, c'est une réalité douloureuse, violente ; c'est aussi le poids de la famille, le patriarcat, la condition des femmes, les rivalités entre les femmes.

J'ai eu parfois du mal à lire certains passages tellement les discours sexistes des hommes (et même des femmes entre elles !) m'ont énervé. Mais les trois histoires sont racontées avec beaucoup de grâce et d'humanité. On ne peut qu'être infiniment touchée par le destin de ces trois "impatientes".

A lire absolument !

Ma note : 4,5/5

Publié dans Littérature

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Les cinq blessures qui empêchent d'être soi-même de Lise Bourbeau

Publié le par mademoisellechristelle

Ce que dit la quatrième de couv’ : Le rejet, l'abandon, l'humiliation, la trahison et l'injustice : cinq blessures fondamentales à l'origine de nos maux qu'ils soient physiques, émotionnels ou mentaux.

Lise Bourbeau, grâce à une description très détaillée de ces blessures, nous mène vers la voie de la guérison. Car de la compréhension de ces mécanismes dépend le véritable épanouissement, celui qui nous conduit à être enfin nous-même.

Un guide simple et pratique pour transformer tous nos petits problèmes quotidiens en tremplin pour grandir.

Lorsqu’un enfant naît, il sait au plus profond de lui que la raison pour laquelle il s’incarne, c’est d’être lui-même tout en vivant de multiples expériences. Son âme a d’ailleurs choisi la famille et l’environnement dans lesquels il naît avec un but très précis. Nous avons tous la même mission en venant sur cette planète : celle de vivre des expériences jusqu’à ce que nous arrivions à les accepter et à nous aimer à travers elles.

Ce que j’en pense : LE livre qui va changer votre vie...

Avez-vous déjà entendu parler des schémas de Young ? Lise Bourbeau les a repris et simplifiés dans un ouvrage appelé "Les cinq blessures qui empêchent d'être soi-même" pour les rendre accessibles au grand public.

Il y a la blessure d'abandon, de rejet, d'humiliation, de trahison et d'injustice. Toutes sont des blessures ayant eu lieu pendant l'enfance (voire pendant les vies antérieures) lors de situations que nous avons perçues comme de la souffrance (ex : mon père ne m'a jamais dit je t'aime). Pour nous protéger de ces souffrances, nous avons revêtu ce que l'auteur appelle un « masque » qui nous a aidés à nous construire en tant qu'enfant.

Ainsi, la personne qui souffre d'abandon va porter le masque du dépendant, celle qui souffre de rejet va porter le masque du fuyant, celle qui souffre d'humiliation va porter le masque du masochiste, celle qui souffre de trahison va porter le masque du contrôlant et celle qui souffre d'injustice va porter le masque du rigide.

A l'âge adulte, nous sommes censés nous détacher de ces masques. Or, ces schémas sont tellement ancrés en nous, qu'ils en sont devenus une habitude ; on les applique sans même s'en rendre compte.  Et ces masques qui nous ont servi à nous construire en tant qu'enfant... sont à l'origine de nos souffrances en tant qu'adultes. Il est donc important de s'en détacher si l'on veut guérir de ses blessures.

Dans son livre, Lise Bourbeau détaille les caractéristiques de chaque blessure, de celui qui la porte et donne les moyens pour en guérir.

J'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture que j'ai trouvée très enrichissante car le livre permet de comprendre beaucoup de choses sur soi. Bien évidemment, l'auteure ne nous promet pas la guérison totale de nos blessures, mais Lise Bourbeau nous apprend à les accepter et à les gérer pour enfin être soi.

Ce livre est vraiment une base en développement personnel et je vous le recommande si vous avez envie de démarrer un travail sur vous-même.

Ma note : 4/5

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Les heures souterraines de Delphine de Vigan

Publié le par mademoisellechristelle

Ce que dit la quatrième de couv’ : Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Au cœur d’une ville sans cesse en mouvement, ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai.

Les heures souterraines est un roman vibrant et magnifique sur les violences invisibles d’un monde privé de douceur, où l’on risque de se perdre, sans aucun bruit.

La voix traverse le sommeil, oscille à la surface. La femme caresse les cartes retournées sur la table, elle répète plusieurs fois, sur ce ton de certitude : le 20 mai, votre vie va changer.

Ce que j’en pense : Un livre sur l'individualisme, la violence du monde moderne, la solitude, les fragilités. Une lecture loin d'être légère mais tellement vraie.

Mathilde est une veuve qui se retrouve seule avec trois enfants. Elle travaille dans la même entreprise depuis des années, elle fait le même trajet en transports pour y arriver, elle pointe à la même heure tous les matins. Mais cela fait des mois que Mathilde n'a plus rien à faire, qu'on lui a enlevé ses dossiers, ses responsabilités, son bureau. Cela fait des mois qu'elle se tait et qu'elle cache cette situation à sa famille et ses amis.

Thibault est médecin et travaille pour les urgences médicales de Paris. Chaque jour, il se rend aux adresses que le standard lui indique. Chaque jour, il soigne les petits bobos et les grandes détresses. Sa plus grande détresse à lui s'appelle Lila et il vient de la quitter.

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Et se demander : est-ce que tu peux m'aimer ? Avec ma vie fatiguée derrière moi, mes peurs et mes fragilités.

J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture. Elle reste bien en-dessous de "Rien ne s'oppose à la nuit", mais je l'ai trouvée très juste, authentique. J'ai beaucoup aimé le personnage de Mathilde, victime de harcèlement moral, qui garde la tête haute malgré les humiliations qu'elle subie quotidiennement au travail. Sa mise au placard est extrêmement bien racontée : la violence des mots et des silences, l'épuisement moral, les manipulations etc...

Le livre est court, il se lit assez vite. Comme toujours avec Delphine de Vigan, on frappe en plein dans le mille. Elle ne laisse pas de place aux circonvolutions inutiles. C'est violent, mais ça ne fait de bruit. A lire si vous cherchez une histoire intense, à déconseiller si vous cherchez une lecture de vacances !

Ma note : 3,75/5

Publié dans Littérature

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