Presque toutes les femmes de Héléna Marienské
Ce que dit la quatrième de couv’ : Une dépression sévère, il y a deux ans. Un chagrin sans fond m’avait emplie toute, qui me clouait au lit. Étrangement, lorsque je me suis redressée, mon premier désir a été de terminer le texte que je peaufinais depuis des années : un récit intime centré sur les femmes de ma vie. Tout y était, les zigzags et les impasses, les abandons et les pardons. Tout était écrit mais rien ne fonctionnait. Je donnais à voir le même éternel sourire pour avancer guillerette dans le récit, prête à amuser mon monde. Le drame de ma mère était passé sous silence, la malédiction familiale tournait à la farce, et ma bisexualité restait dans un placard. Les histoires d’amour n’étaient que joyeuses saynètes. J’avais touché le fond : il était temps d’arracher le masque. Alors j’ai tout repris. »
Dans cette autobiographie traversée de passions et de détresses, Héléna Marienské raconte une vie passée à l’ombre des femmes, figures familiales ou rivales, autant que dans leur lumière, celle des femmes désirées ou follement aimées. Chacune à sa manière lui aura révélé celle qu’elle est : une femme libre, qui abrite résolument en elle plusieurs autres. Nous, peut-être ?
J’ai vingt-huit ans. En ce temps de grand trouble, une femme me guide, enfin. Elle m’a déjà évité plusieurs murs vers lesquels je fonçais, tout droit. Je confie une attirance pour une femme encore. Mme Michelangeli, lacanienne orthodoxe, m’interrompt :
- Vous plaisantez ? Les lesbiennes sont des perverses. Tenez-vous en éloignée.
Je ne négocie pas, j’obéis. J’arrête les femmes comme on arrête une drogue.
Ce que j’en pense : (Presque) toutes les femmes de sa vie...
J'ai toujours pensé qu'il fallait beaucoup de courage pour publier son histoire et la faire lire au grand public. Et il en faut encore plus pour se montrer telle que Hélèna Marienské le fait dans cette autobiographie : authentique, passionnée, éprise de liberté, parfois fragile, parfois battante, exaltée, entière au demeurant.
"Presque toutes les femmes" raconte chapitre par chapitre une partie des femmes qui ont marqué l'histoire de l'auteure : des figures familiales, des rivales, des femmes désirées ou follement aimées. Chacune à sa manière, et à différents moments de sa vie, lui aura permis de révéler ses parts d'ombre ou de lumière pour finalement mieux comprendre qui elle est.
Sous des allures de femme guillerette, se cache une personnalité avec des blessures à vif, une dépression sévère, une histoire familiale que l'on cache comme on cache la poussière sous le tapis, une bissexualité passée sous silence ; une personnalité recouverte par un masque de bienséance.
«Ça ne va pas être simple, cette vie. Pas simple à raconter non plus. Moi qui mens toujours, par réflexe pavlovien pour échapper à l'inquisition maternelle, mais aussi par habitude acquise et cultivée — jeu, amour de la fiction — comment dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité je le jure?»