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Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, d'Eric-Emmanuel Schmitt

Publié le par mademoisellechristelle

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, d'Eric-Emmanuel Schmitt

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Ce que dit la quatrième de couv’ : Paris, années 60. Momo, un garçon juif de 11 ans, devient l’ami du vieil épicier arabe de la rue Bleue, pour échapper à une famille sans amour. Mais les apparences sont trompeuses : Monsieur Ibrahim n’est pas arabe, la rue Bleue n’est pas bleue, et la vie ordinaire peut-être pas si ordinaire…

A treize ans, j'ai cassé mon cochon et je suis allé voir les putes.
Mon cochon, c'était une tirelire en porcelaine vernie, couleur de vomi, avec une fente qui permettait à la pièce d'entrer mais pas de sortir. Mon père l'avait choisie, cette tirelire à sens unique, parce qu'elle correspondait à sa conception de la vie : l'argent est fait pour être gardé, pas dépensé.

Ce que j’en pense : Pour celles et ceux qui me suivent, vous savez qu’Éric–Emmanuel Schmitt est l’un de mes auteurs préférés. Ayant besoin d’une grosse dose de positivité en ce moment, je me suis tournée vers ce livre.

- M'sieur Ibrahim, quand je dis que c'est un truc de gens riches, le sourire, je veux dire que c'est un truc pour les gens heureux.
-Eh bien, c'est là que tu te trompes. C'est sourire, qui rend heureux. [...] Essaie de sourire, tu verras.

Le sourire. Il ne m’a pas quitté pendant 66 pages.

Il y a beaucoup de choses à dire (et à écrire) sur ce petit livre qui en dit long. A dire vrai, ce billet m’a même donné du fil à retordre ! J’avais envie de donner tellement d’infirmations en même temps que mon premier jet était complètement fouillis. Comme quoi, ce n’est pas la taille (du livre) qui compte. J’ai donc choisi de ne me concentrer que sur un nombre limité de thèmes pour plus de clarté.

« Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » est un conte philosophique qui n’en n’a pas l’air. Monsieur Ibrahim est l’épicier arabe de la rue bleue ; c’est un vieux Monsieur discret et solitaire. Momo est un jeune garçon juif de quatorze ans qui vit dans la rue bleue ; délaissé par un père taciturne et trop occupé par son travail, Momo est un garçon espiègle qui ne demande qu’à découvrir la vie.

Ces deux personnages n’auraient jamais dû interagir entre eux et encore moins se prendre d’affection l’un pour l’autre. Et pourtant…

- Comment vous faites, vous, pour être heureux, Monsieur Ibrahim ?
-Je sais ce qu’il y a dans mon Coran.
-Faudrait peut-être un jour que je vous le pique, votre Coran. Même si ça se fait pas, quand on est juif.

Sous prétexte d’une histoire entre un épicier musulman et un jeune garçon juif, Eric-Emmanuel Schmitt jongle avec brio entre plusieurs thèmes et met comme à son habitude la philosophie à la portée de tous.

L’un des thèmes abordés par le livre, ce sont les apparences. Les apparences peuvent parfois être trompeuses, surtout dans la rue bleue : un « arabe » n’est pas forcément un Arabe, un géniteur n’est pas forcément un père et la vie ordinaire ne l’est peut-être pas tant que ça. Et lorsque l’on se donne la peine d’aller au-delà, ça en vaut vraiment la peine..

Le livre aborde également le passage de l’adolescence à l’âge adulte pour Momo, alias Moïse (ou Mohammed). Et celui qui va l’y aider et lui transmettre son savoir n’est pas son père mais Monsieur Ibrahim, l’arable du coin qui n’est pas Arabe. Et non seulement Monsieur Ibrahim va guider Momo, mais il va aussi lui enseigner le sens de la vie. 

Lorsqu’on veut apprendre quelque chose, on ne prend pas un livre. On parle avec quelqu’un. Je ne crois pas aux livres.

A mon sens, le thème majeur du bouquin est évidemment la tolérance et le regard de l’autre.

Monsieur Ibrahim et Momo n’ont pas la même confession ; ils sont même de deux confessions qu’un conflit international oppose : l’un est juif, l’autre est musulman. Et pourtant, leurs religions respectives ne seront à aucun moment un obstacle à leur profond attachement l’un à l’autre. A aucun moment, Monsieur Ibrahim ne tente de convertir Momo à l’Islam, même s’il lui prête un Coran. Bien au contraire, il l’incite à s’interroger sur ce qui l’entoure, les choses de la vie, mais il n’essaye à aucun moment de lui imposer des idées et des clichés sur l’une ou l’autre religion.

Eric-Emmanuel Schmitt nous invite à nous demander ce que représente la religion pour nous. Est-elle importante au point d’entrer en conflit avec son voisin ? 

Avec Monsieur Ibrahim, je me rendais compte que les juifs, les musulmans et même les chrétiens, ils avaient eu plein de grands hommes en commun avant de se taper sur la gueule.

Les personnages sont beaucoup plus qu’attachants, ils sont vivants. Monsieur Ibrahim est un personnage qui parle par énigmes, surtout pour Momo qui ne connait pas grand-chose à la vie. Il fait preuve d’une grande sagesse et de bienveillance à l’égard de Momo, qu’il va prendre sous son aile et aimer comme un fils. Il m’est avis que nous rêvons tous secrètement de rencontrer une personnalité aussi inspirante que Monsieur Ibrahim au cours de notre existence.

J’ai éprouvé de l’empathie pour Momo à de nombreuses reprises, abandonné par sa mère puis son père, cet enfant est livré à lui-même et est obligé de grandir plus vite que les autres. Si Momo, avait existé aujourd’hui, on lui aurait sûrement fait suivre une thérapie. Le remède choisi par l’auteur est beaucoup mieux.

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran a été adapté au cinéma

L’écriture d’Eric-Emmanuel Schmitt est très douce et bienveillante (c’est d’ailleurs l’impression qu’il me donne quand je le vois à la TV). Il sait véritablement donner vie à un décor digne d’un film des années 60. On imagine très bien la rue bleue comme une rue populaire (et non bourgeoise), très passante, avec ses petits commerces, où les enfants jouent au ballon et où tout le monde se connait et s’entraide.

Ce fut un véritable plaisir que de lire « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » : ce fut une lecture résolument optimiste pour un public d’optimiste.

Qui Aime le lise !                                                                          

Ma note : 4/5

 

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Pour quelques milliards et une roupie de Vikas Swarup

Publié le par mademoisellechristelle

Pour quelques milliards et une roupie de Vikas Swarup

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Ce que dit la quatrième de couv’ : Un logeur avide, une sœur qui joue à Miss India, une mère malade… Sapna Sinha a troqué ses rêves pour une vie de vendeuse en électroménager, quand un mystérieux milliardaire lui fait une proposition folle : il lui lègue sa fortune ! A une condition : qu’elle réussisse sept épreuves. Miracle ou pacte avec le diable ? Embarquée malgré elle dans d’incroyables aventures, Sapna devra prouver sa vaillance et son honnêteté afin de se construire un avenir meilleur. Un conte de fées moderne, drôle et poignant, signé par l’auteur des inoubliables Fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire. Irrésistible !

Dans la vie, on n'obtient jamais ce qu'on mérite; on obtient ce qu'on a négocié.
C'est la première chose qu'il m'a enseignée.
Voici trois jours que je tente de mettre ce conseil en pratique, négociant fébrilement avec mes accusateurs et persécuteurs pour essayer désespérément d'échapper à la peine de mort qu'ils me réservent d'un commun accord.

Ce que j’en pense : Vikas Swarup est un auteur que j’ai déjà lu. Ses Fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire (devenues le Slumdog millionnaire de Danny Boyle) ne m’ont pas transcendée mais son Meurtre dans un jardin indien, en revanche, m’a captivée (pour lire mon billet, c’est par ici). Ce troisième livre allait donc me permettre de faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.

Lorsque j’ai lu le postulat de base, j’ai eu quelques doutes. Un riche homme d’affaires qui promet à une parfaite inconnue, vendeuse en électroménager, de la nommer à la tête de son empire pour lui succéder à condition qu’elle réussisse sept « épreuves »…. niveau crédibilité, on repassera… Entre nous, je vois mal Bernard Arnault proposer toute sa fortune à une vendeuse de chez Darty parce qu’elle aura réussi sept épreuves de la vie.. Mais bon, passons..

Les gens heureux ne font pas de bons P-DG. Le contentement engendre la paresse. C’est l’ambition qui fait parvenir à ses fins. Je veux quelqu’un qui a faim. Une faim née dans le désert de l’insatisfaction. Vous m’avez l’air de l’avoir, cette faim, cette aspiration.

Je me suis donc plongée dans la lecture de Pour quelques milliards et une roupie. Et là… la magie a totalement opéré : il m’a été physiquement impossible de me détacher les yeux de ce livre qui m’a envouté !

On retrouve des points similaires avec les deux précédents livres de l’auteur. Comme dans les Fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire, le personnage principal devra faire preuve de bravoure et d’ingéniosité pour traverser des épreuves. Comme dans Meurtre dans un jardin indien, le roman est rédigé sous la forme d’un polar où l’auteur y disperse des indices ça et là.

Comme dans ses précédents livres, l’auteur y dénonce les travers de l’Inde moderne, qui oscille entre traditions et modernité : la corruption, la condition des femmes, les inégalités sociales, le travail des enfants, le trafic d’organes, il est même question de téléréalité. La description de l’Inde était à mes yeux photo-réaliste : j’avais véritablement l’impression de voir les paysages, d’entendre les sons et de vivre au rythme des personnages. Je m’imaginais prendre moi aussi un auto rickshaw, vêtue d’un sari, rencontrais un vendeur à la sauvette et dégustais un plat sur le pouce acheté à un marchand ambulant avant d’aller prier au temple.

Je ne sais pas si l’Inde est comme dans les romans de Vikas Swarup, mais les romans de Vikas Swarup me donnent envie de sauter dans un avion pour y aller !

Cette obsession de la célébrité me laisse perplexe. La gloire ne vient pas avec le talent, elle est devenue une fin en soi. Et le meilleur moyen d’y parvenir est de passer à la télévision. Les gens sont prêts à tout et n’importe quoi – manger des cafards, insulter leurs parents, faire l’amour, se marier, divorcer, voire accoucher en direct – pour participer à un programme de téléréalité.

Sapna, le personnage principal, m’a agacé par moment. Je la trouvais trop droite, naïve, faisant trop confiance à la police et toujours persuadée que la vérité allait éclater. Mais elle n’en reste pas moins attachante ; en réalité, elle n’est pas trop honnête, elle est juste intègre.

Etant moi aussi l’ainée de ma famille, je me suis reconnue dans son sens du sacrifice (cela doit être un truc d’ainés) et j’ai admiré le courage dont elle a fait preuve pour abandonner ses rêves pour s’occuper de sa famille. En revanche, j’ai trouvé qu’elle baissait trop vite les bras à l’égard de sa petite sœur et qu’elle ne se montrait pas assez ferme vis-à-vis de ses caprices.

Les épreuves de Sapna sont loin des douze travaux d’Hercule ou des test psychotechniques que l’on fait passer avant un entretien d’embauche. Ce sont plutôt des leçons de vie où elle devra faire appel à des valeurs comme le leadership, l’intégrité ou le courage, qualités que l’excentrique millionnaire estime être essentielles pour être P-DG.

Le personnage de Vinay Mohan Acharya semble être doté d'ominipotence dans le roman. Le lecteur a l'impression, tout comme Sapna, que c'est lui qui orchestre toutes les épreuves et mène la danse, tel un Dieu hindou. Acharya lui répondra que c'est la vie qui mènera Sapna vers ses sept épreuves.

De plus, Acharya s'octroie le droit de venir chambouler la vie tranquille d'une jeune fille simple en lui proposant de diriger sa multinationale. En faisant une telle proposition à Sapna, de condition modeste, il savait très bien que cela changerait sa vie. Mon petit côté narcissique se demande d'ailleurs ce que j'aurais fait à sa place.

Acharya légitime son pouvoir grâce au contrat que Sapna a signé. Ce thème du pacte signé avec un personnage tout puissant est récurrent en littérature : Faust signe un pacte avec le Diable, Anastasia signe un pacte avec Christian Grey.. A chaque fois, un personnage "faible" pactise avec un personnage tout puissant (voire le Diable lui même) à la recherche d'un avenir meilleur mais réalise ensuite que ce pacte n'est pas sans conséquences sur sa vie personnelle. Quoi qu'il en soit, le personnage "faible" sort toujours grandi de l'histoire.

Les diplômes ne sont que des bouts de papier. Ils n'apprennent pas à diriger, mais seulement à gérer le personnel.

L’écriture de Vikas Swarup est aussi agréable à lire que dans son dernier roman. Teintée d’humour, fluide, avec un suspens qui vous tient en haleine et un retournement de situation incroyable à la fin.

Il nous offre ici un roman entre le conte de fées des temps modernes et le récit initiatique. Les personnages sont hauts en couleur, le récit palpitant et dépaysant, la morale est un peu trop moralisante mais si on ne peut pas mettre de morale dans un conte, alors où peut-on en mettre ?

Bref, un vrai coup de cœur me concernant ! Vous pouvez y aller les yeux fermés ! (Enfin, ouvrez-les quand même, c’est mieux pour lire le livre).

- Qu'avez-vous pensé de "Slumdog Millionnaire" ?
- J'ai bien aimé. Mais parce que c'est un blanc qui l'a réalisé, les gens d'ici sont jaloux .

Pour quelques milliards et une roupie de Vikas Swarup

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Ma note : 4/5

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La dernière nuit du Raïs de Yasmina Khadra

Publié le par mademoisellechristelle

La dernière nuit du Raïs de Yasmina Khadra

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Ce que dit la quatrième de couv’ : « Longtemps j'ai cru incarner une nation et mettre les puissants de ce monde à genoux. J'étais la légende faite homme. Les idoles et les poètes me mangeaient dans la main. Aujourd'hui, je n'ai à léguer à mes héritiers que ce livre qui relate les dernières heures de ma fabuleuse existence. Lequel, du visionnaire tyrannique ou du Bédouin indomptable, l'Histoire retiendra-t-elle ? Pour moi, la question ne se pose même pas puisque l'on n'est que ce que les autres voudraient que l'on soit ».

Avec cette plongée vertigineuse dans la tête d'un tyran sanguinaire et mégalomane, Yasmina Khadra dresse le portrait universel de tous les dictateurs déchus et dévoile les ressorts les plus secrets de la barbarie humaine.

Quand j’étais enfant, il arrivait à mon oncle maternel de m’emmener dans le désert. Pour lui, plus qu’un retour aux sources, cette excursion était une ablution de l’esprit.

Ce que j’en pense : S’il y a bien un nom qui a marqué l’histoire du continent africain, c’est Mouammar Kadhafi. Qui l’histoire retiendra-t-elle ? Le visionnaire qui a libéré son pays ou le mégalomane qui n’a pas hésité à éliminer tous ceux qui se sont mis au travers de sa route ?

Pour rappel, Kadhafi a pris le pouvoir grâce à un coup d’Etat en 1969 et a renversé la monarchie en place. Mouammar Kadhafi, alors âgé de 27 ans, devient chef de l'État Libyen.

Il était une grande source d’inspiration pour le peuple libyen qui voyait en lui en guide. Il avait une vision moderne et ambitieuse pour le pays. Rien à voir avec la monarchie qui n’avait aucune ambition pour son peuple et se contentait de vivre dans l’opulence, un peu comme les « rois faignants ».

Les jeunes aimaient écouter Kadhafi car il les stimulait grâce à son charisme et à sa prestance. La Lybie était un pays prospère au temps de Kadhafi puisqu’elle avait le deuxième niveau de vie le plus élevé de l’Afrique.

Une fois le pouvoir acquis, la personnalité de Kadhafi changea. Il prit petit à petit conscience de sa souveraineté et oublia complètement les ambitions qui l’ont porté au pouvoir, ce pour quoi le peuple l’a soutenu. L’ère du dictateur sanguinaire a alors  commencé.

 

Dans son roman, Yasmina Khadra propose au lecteur de pénétrer à l’intérieur de l’âme de Kadhafi un peu avant son arrestation par les rebelles, près de Syrte, son village natal (doit-on considérer que la boucle est bouclée ?).

Yasmina Khadra ne se fait ni juge, ni bourreau, ni avocat, il propose simplement d’interroger l’esprit de Kadhafi.

Mouammar Kadhafi apparait comme un personnage exécrable. Il est complètement imbus de sa personne, ne supporte pas qu’on le contredise et ne possède aucune empathie ou aucune compassion pour autrui. Il me faisait penser à une diva excentrique dépourvue du sens des réalités et de la mesure. 

On raconte que je suis mégalomane.
C’est faux.
Je suis un être d’exception, la providence incarnée que les dieux envient et qui a su faire de sa cause une religion

Mégalomanie (n.f.) : la mégalomanie consiste en la surestimation de ses capacités, elle se traduit par un désir immodéré de puissance et un amour exclusif de soi. Elle peut être le signe d'un manque affectif. On la nomme couramment « folie des grandeurs » ou « délire des grandeurs », expression qui correspond à son étymologie (du grec mégalo, grandeur, et mania, folie). (Source : Wikipedia)

Telle qu’elle est décrite dans le livre, la mégalomanie de Kadhafi relève de la folie psychiatrique. En effet, il se dit guidé par une Voix divine qui lui dit comment se comporter et quelles décisions prendre. Persuadé que sa conduite est dictée par Dieu lui-même, Mouammar Kadhafi pense qu’il agit dans l’intérêt du peuple libyen.

On a l’impression qu’il est totalement lucide dans ses délires et qu’il sait parfaitement ce qu’il fait. Sauf que c’est tout l’inverse. Il construit des palais au lieu de construire des écoles. Le peuple se sent trahi, délaissé et finit par se retourner contre lui.

Étranges, les volte-face du temps. Un jour, vous êtes idolâtré, un autre, vous êtes vomi ; un jour, vous êtes le prédateur, un autre vous êtes la proie. Vous vous fiez à la Voix qui vous défie en votre for intérieur puis, sans crier gare, les lendemains vous découvrent dissimulé dans un coin, nu et sans défense, et sans l’ombre d’un ami.

« La dernière nuit du Raïs » (« Raïs » signifie « chef »en arabe) nous propose également une introspection dans le passé de Kadhafi. L’auteur le met en quelque sorte face à lui-même, face à sa vérité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a quelques comptes à régler !

L’écriture de Yasmina Khadra est magnifique, très poétique et imagée. C’est un vrai plaisir de le lire.  

Néanmoins, je ne peux pas dire que c’était un bon livre car il manquait au roman à mon sens un petit quelque chose pour rendre ma lecture plus « transcendante ». Je n’ai pas été véritablement happé par « La dernière nuit du Raïs » mais simplement intéressée. C’est vraiment dommage, car tous les éléments étaient réunis pour en faire un best-seller.

Ma note : 3,5/5

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Mon bel oranger de José Mauro de Vasconcelos

Publié le par mademoisellechristelle

Mon bel oranger de José Mauro de Vasconcelos

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Ce que dit la quatrième de couv’ : A cinq ans, Zézé a tout appris seul : la lecture, les grossièretés de la rue, les trafics de billes, les tangos pleins de sentiments du marchand de chansons. Tout le monde le bat, sauf sa sœur Gloria. Ange ou diable, il a un secret dans le cœur : un petit pied d'oranges douces, le seul confident de ses rêves, qui l'écoute et lui répond.

La main dans la main, nous marchions dans la rue, sans nous presser. Totoca m’apprenait la vie. Et moi, j’étais très content parce que mon frère aîné me donnait la main et m’apprenait les choses.

Ce que j’en pense : je suis tombée sur ce bouquin un peu par hasard en surfant sur la toile. Il semblerait que beaucoup l’aient lu car il faisait partie des lectures obligatoires à l’école. Je vous le confesse, amis lecteurs, je n’en avais jamais entendu parler auparavant..

« Mon bel oranger » raconte l’histoire de Zézé, un enfant de cinq ans né au Brésil dans un milieu pauvre. Son père a perdu son emploi et sa mère travaille d’arrache-pied pour faire vivre la famille tant bien que mal.

Zézé est un petit garçon espiègle qui a besoin de beaucoup d’affection. Et pour attirer l’attention, Zézé fait ce que font les enfants de son âge : des bêtises. En réponse, sa famille le roue régulièrement de coups, parfois même jusqu’à perdre connaissance. Sauf sa sœur Gloria, seule à prendre sa défense et seule à lui donner la tendresse dont il a tant besoin.

A force de se faire battre, Zézé se persuade qu’il n’est qu’un mauvais garçon, un moins que rien qui n’aurait jamais dû naitre.

Je ne vaux rien. Je suis très méchant. C’est pour ça que, le jour de Noël, c’est le diable qui naît pour moi et que je n’ai rien. Je suis une peste. Une petite peste. Un démon. Un rien du tout. Une de mes sœurs a dit qu’un méchant garçon comme moi n’aurait pas dû naître.

Lorsque je me suis imaginée ce petit garçon de cinq ans prononçant ces mots.. Avouons-le, ma gorge s’est serrée (pour information, Zézé n’a rien eu à Noel car ses parents étaient trop pauvres pour lui acheter un cadeau). Le cadre est posé. Je sens que ce livre va me faire pleurer (quoi, comment ça, je pleure tout le temps ?!).

Zézé est aussi un petit garçon bien plus intelligent que la moyenne et il est doté d’une très grande imagination. Il s’invente de nouvelles aventures chaque jour qu’il partage avec un pied d’oranges douces, devenu son confident. Il rencontrera également un adulte qui le prendra sous son aile et qui lui enseignera le sens de la tendresse.

Tu es la personne la plus gentille du monde. Je ne me fais pas gronder quand je suis près de toi et je sens un rayon de soleil inonder mon cœur de bonheur.

Vous l’avez sans doute compris, ce roman est plein d’empathie. Oui, on a envie de protéger Zézé ; oui, on a envie de l’arracher à cette famille qui le maltraite ; oui, on éprouve de la compassion pour ce pauvre enfant de cinq ans à peine.

Oui, « Mon bel oranger » est plein de sentimentalisme.. Et alors ? Si vous aimez les romans terre à terre où règne la logique, fuyez ! Mais si au contraire vous aimez les histoires empreintes d’humanité, restez.

Les personnages sont ce qu’on attend d’eux : un grand frère mesquin qui n’hésite pas à piéger son petit frère, une grande sœur qui bat son frère plus qu’elle ne respire, un père aigri et ayant perdu toute fierté paternelle car il est trop pauvre pour subvenir aux besoins de ses enfants.. Un véritable roman à la Victor Hugo !

L’auteur a un style fluide et sait choisir les mots justes : les mots qu’un enfant de cinq ans plus intelligent que la moyenne pourrait utiliser lui aussi. Le lecteur est tantôt ému, tantôt bouleversé, tantôt amusé par ce petit garçon si espiègle. Mais il est incontestablement attachant au possible.

Quand j’ai refermé le livre pour la dernière fois, je me suis sentie soulagée d’avoir mis fin aux souffrances de Zézé, soulagée que cela n’ait été qu’un livre. Qu’un livre me direz-vous? Non, il ne s’agit pas de n’importe quel livre. « Mon bel oranger » est en réalité un récit partiellement autobiographique. Mes problèmes me paraissent nettement moins importants d’un coup..

Ma note : 3,75/5

"Mon bel oranger" a été adapté au cinéma

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Histoire de la violence, d'Edouard Louis

Publié le par mademoisellechristelle

Histoire de la violence, d'Edouard Louis

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Ce que dit la quatrième de couv’ : J’ai rencontré Reda un soir de Noël. Je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m’a abordé dans la rue et j’ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m’a raconté l’histoire de son enfance et celle de l’arrivée en France de son père, qui avait fui l’Algérie. Nous avons passé le reste de la nuit ensemble, on discutait, on riait. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu’il allait me tuer. Il m’a insulté, étranglé, violé. Le lendemain les démarches médicales et judiciaires ont commencé.

Plus tard, je me suis confié à ma sœur. Je l’ai entendue raconter à sa manière ces événements.

En revenant sur mon enfance, mais aussi sur la vie de Reda et celle de son père, en  réfléchissant à l’émigration, au racisme, à la misère, au désir ou aux effets du traumatisme, je voudrais à mon tour comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là. Et par là, esquisser une histoire de la violence.

Je suis caché de l’autre côté de la porte, je l’écoute, elle dit que quelques heures après ce que la copie de la plainte que je garde pliée en quatre dans un tiroir appelle la tentative d’homicide, et que je continue d’appeler comme ça, faute d’autre mot, parce qu’il n’y a pas de terme plus approprié à ce qui est arrivé et qu’à cause de ça, je traîne la sensation pénible et désagréable qu’aussitôt énoncée, par moi ou n’importe qui d’autre, mon histoire est falsifiée, je suis sorti de chez moi et j’ai descendu l’escalier.

Ce que j’en pense : « Histoire de la violence » a fait beaucoup de bruit à sa sortie. Certains criaient au génie, d’autres au scandale. J’ai donc voulu me faire ma propre opinion. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on ne sort pas de cette lecture indifférent.

Tout d’abord, le sujet est grave. Edouard Louis raconte l’histoire d’une nuit de plaisir, mais surtout de terreur, au cours de laquelle des violences physiques et sexuelles vont lui être infligées par Reda, un jeune homme rencontré près de chez lui et qu’il fait monter dans son appartement. Edouard va d’ailleurs échapper de peu à la mort cette nuit-là.

En se servant de cette son histoire, Edouard Louis a souhaité faire entrer dans la littérature la réalité et la brutalité de la violence. Son objectif ? Tenter d’en comprendre les origines.

J’ai toujours été mal à l’aise à l’idée de rédiger une critique pour ce genre de bouquin. En effet, j’ai l’impression de me faire juge de l’histoire personnelle d’Edouard Louis alors que je n’en ai ni le droit, ni la moralité. Je ne peux ni me faire juge, ni bourreau de cet épisode de vie.

Je ne jugerai donc pas le fond.

 

Concernant la forme, Edouard Louis choisit de raconter son histoire par une tierce personne, sa grande sœur (personnage fictif dans le roman). Et c’est à travers ses mots à elle que le lecteur apprend ce qui s’est passé ce soir de Noël 2012.

Si je n’ai rien contre ce procédé littéraire, je n’ai pas vraiment aimé la façon dont l’auteur a fait s’exprimer « sa sœur ». Cela m’a même irrité, à vrai dire (peut être étant moi-même grande sœur).

Dans le roman, sa sœur n’a pas quitté le village picard dans lequel ils ont grandi. Elle est femme au foyer et son mari est conducteur de poids lourds. Si le mari est silencieux, elle est une grande bavarde et s’exprime avec un langage populaire.

Alors ce qu’il a pensé sur le coup et qu’il a encore pensé après, les jours d’après, écoute-moi bien, c’est que plus jamais à partir de maintenant il pourrait supporter de voir d’autres gens heureux. C’est con. Une phrase aussi bête. Qu’est-ce que tu voulais que je réponde à ça. J’ai rien dit moi, j’ai fait semblant que je regardais mes chaussures.

Ce langage contraste avec celui employé par Edouard Louis, qui a un langage beaucoup plus « 16ème » et beaucoup plus soutenu. Du coup, le langage populaire de la sœur donne au roman un côté pédant et méprisant pour la classe populaire, ce que je n’ai pas apprécié.

Néanmoins, Edouard Louis reste une très belle plume et nous offre une analyse sociologique très fine et pertinente de la société actuelle. Il est très bon psychologue et sait décortiquer les sentiments.  Je n’y ai pas trouvé les origines de la violence moderne mais  j’ai trouvé qu’Edouard Louis posait les bonnes questions.

Auteur à suivre..

Ma note : 3/5

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Parenthèse enchantée à Bali

Publié le par mademoisellechristelle

Parenthèse enchantée à BaliParenthèse enchantée à BaliParenthèse enchantée à Bali

Certaines destinations vous marquent plus que d'autres. Bali en fait définitivement partie.

Le mois dernier, j'ai eu la chance de m'envoler pour cette petite île. Plus qu'une parenthèse enchantée, ce pays est un véritable havre de paix, une ode au bien être. Tout y est réuni pour être heureux : le soleil, les magnifiques paysages, la gentillesse des habitants, les saveurs locales etc...

Ce voyage était également une pause nécessaire qui m'a permis de me retrouver (car oui, je m'étais perdue) et d'écouter mes envies. Avant de partir, j'avais perdu mon appétit pour la lecture et l'écriture. Je n'arrivais ni à ouvrir un bouquin, ni à rédiger une ligne (d'où l'absence d'articles sur ce blog).

A présent, je sens ma tête "vidée" de ce qui encombrait mon esprit et ma créativité. Je me sens à nouveau prête à retrouver les chemins de la littérature,  avec une énergie nouvelle et revigorée. 

Je suis de retour les amis !

 

 

Parenthèse enchantée à BaliParenthèse enchantée à BaliParenthèse enchantée à Bali
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Comme par magie, d'Elizabeth Gilbert

Publié le par mademoisellechristelle

Comme par magie, d'Elizabeth Gilbert

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Ce que dit la quatrième de couv’ : Depuis près de dix ans, des milliers de lecteurs de par le monde ont été inspirés et influencés par les livres d'Elizabeth Gilbert. Aujourd'hui, l'auteure puise dans son propre processus de création pour partager avec nous sa sagesse et son point de vue unique sur la créativité, et nous encourage à aller à la recherche de notre inspiration. Elle nous montre comment capturer ce que nous aimons le plus et comment tenir tête à ce qui nous fait le plus peur ; évoque les attitudes, les approches et les habitudes dont nous avons besoin pour vivre notre vie de la façon la plus créative qui soit.

Que nous souhaitions écrire un livre, relever de nouveaux défis professionnels, poursuivre un rêve trop longtemps mis de côté ou simplement insuffler un peu plus de passion dans notre quotidien, Comme par magie nous ouvre les portes d'un monde de merveille et de joie.

Il était une fois un certain Jack Gilbert, qui n’avait aucun lien de parenté avec moi. Jack Gilbert était un grand poète, mais si vous n’avez jamais entendu parler de lui, ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas de votre faute.

Ce que j’en pense : Comme vous tous, chers lecteurs, j’ai parfois traversé des moments difficiles dans la vie : vie professionnelle au plus bas, relations amoureuses douloureuses, baisse de forme etc.. Ce genre de période s’est produit il y a quelques années. Et un peu par hasard, je m’étais lancée dans la lecture de « Mange, prie, aime » d’Elizabteh Gilbert.  Ce que je m’apprête à écrire est sans doute un énorme cliché mais : ce livre a sonné comme une révélation pour moi. Il m’a ouvert l’esprit et m’a aidé dans la quête de soi, sujet sur lequel je ne m’étais jamais vraiment penchée auparavant.

Il y a quelques mois, la période difficile est revenue. Et qu’ai-je donc fait pour y remédier ? J’ai ouvert un bouquin bien sûr ! Et pas n’importe lequel, « Comme par magie » d’Elizabeth Gilbert.

Le sujet du bouquin ? La créativité (sujet auquel on est hyper sensible lorsque l’on traverse une période difficile). L’objectif affiché (sur la couverture)? Réussir à nous faire vivre sa créativité sans la craindre.

Selon l’auteure, il existe des trésors (de créativité) cachés en chacun de nous (oui, oui, tout le monde !). Et grâce à son ouvrage, Elizabeth Gilbert nous donne les clés pour découvrir ces pépites cachées et les exploiter. C’est ce qu’elle appelle « vivre une existence créative ».

Le courage de se lancer dans cette quête est ce qui distingue une vie banale d’une existence enchantée. Le résultat souvent surprenant de cette quête, c’est ce que j’appelle la Grande Magie.

Vous souhaitez peindre ? Ecrire ? Vous lancer dans la photo ? Mais vous n’avez jamais trouvé le courage de le faire ? Vous sentez qu’il existe des trésors enfouis en vous, mais vous ne savez pas encore lesquels ? Lancez-vous, ce livre est fait pour vous !

« Comme par magie » est une sorte de mode d’emploi de l’existence créative. L’auteure nous y apprend comment trouver le courage de s’affirmer dans notre créativité, comment trouver (et garder) l’inspiration et comment faire face aux obstacles que nous allons rencontrer.

J’ai aimé le côté pragmatique et censé des conseils d’Elizabeth Gilbert. Par exemple, elle déconseille fortement de tout plaquer du jour au lendemain pour vivre une vie de bohème et se consacrer uniquement à sa créativité. Au contraire, gardez le sens des réalités et conservez votre job et votre vie actuelle. Mais persistez parce que vous aimez cela et parce que votre créativité vous procure du plaisir.

Elle prône des valeurs auxquelles j’adhère totalement comme la confiance en soi, et l’écoute de ses envies.

Enfin, j’ai retrouvé l’un des préceptes qu’Elizabeth Gilbert défendait dans « Mange, prie, aime » et avec lequel je suis totalement d’accord : il appartient à chacun de créer son propre bonheur. Si l’inspiration vient à vous manquer, elle ne va pas vous tomber dessus alors que vous restez assis à ne rien faire : c’est à vous de faire des efforts pour la provoquer et de créer quelque chose ensuite.

Soyez qui vous voulez, faites ce dont vous avez envie, lancez-vous dans ce qui vous fascine et illumine votre vie.

En 2008, le magazine Time a désigné Elizabeth Gilbert comme l’une des cent personnes les plus influentes de la planète. On sent un peu ce côté « guide/gourou » dans la lecture du bouquin et dans les conseils qu’elle donne.

De plus, le livre possède également une vision très « américaine » de l’existence car elle voit souvent le côté positif des choses, tout en éludant les potentiels inconvénients ou les revers de médailles. 

Mais ces points ne desservent en rien le bouquin.

Malgré tout, « Comme par magie » reste une lecture très agréable. La plume pleine d'humour d'Elizabeth Gilbert y est pour beaucoup. Elle ponctue son récit de nombreuses anecdotes, ce qui le rend plus vivant et accessible. C’est un peu comme si une bonne copine venait nous donner des conseils.

Pour finir, je vous recommande vivement la lecture de « Comme par magie » si vous êtes dans une période difficile ou à un tournant de votre vie et que vous voulez retrouver confiance en vous. Après cette lecture, vous verrez, il vous prendra une furieuse envie de vous mettre sur de multiples projets et enfin.. de franchir le cap.

Ma note : 4/5

 

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Emma de Jane Austen

Publié le par mademoisellechristelle

Emma de Jane Austen

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Ce que dit la quatrième de couv' : Publié anonymement en 1816, Emma est l'œuvre la plus aboutie de Jane Austen (1775-1817) et l'un des classiques du roman anglais.

Orpheline de mère, seule auprès d'un père en mauvaise santé, Emma Woodhouse, désormais la maîtresse de maison, s'est mis en tête de marier Harriet Smith, une jeune fille qu'elle a recueillie chez elle. Ce faisant, ne s'est-elle pas attribué un rôle qui n'est pas (ou pas encore) pour elle ? Son inexpérience des cœurs et des êtres, ses propres émotions amoureuses, qu'elle ne sait guère interpréter ou traduire, lui vaudront bien des déconvenues et des découvertes.

Autour d'Emma, Jane Austen dépeint avec sobriété et humour, et aussi une grande véracité psychologique, le petit monde provincial dans lequel elle a elle-même passé toute sa vie.

Emma de Jane Austen

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Ce que j’en pense : Merci à mon fournisseur préféré, les éditions Folio-Galimard, qui m’ont permis de découvrir ce classique. J’ai toujours eu un petit faible pour la littérature anglaise et notamment les romans de Jane Austen : ces héroïnes avec un côté fleur bleue, innocent, mais tout en ayant en même temps un caractère bien trempé… je suis fan !

C’est donc avec entrain que je me suis lancée dans la lecture d’ « Emma »…

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Emma est assez éloignée des héroïnes de littérature anglaise que j’ai connues. Ni fleur bleue ni innocente, Emma est plutôt une grosse tête de mule à tendance je-sais-tout qui croit qu’elle peut marier les gens sans avoir jamais expérimenté l’amour elle-même. Ça commence mal, Emma m’agace…

Ce n’est que lorsque l’on progresse dans le roman que l’on comprend que l’auteure a sciemment exagéré ses traits. Emma a des idées très étriquées sur les classes sociales et le mariage en général. Ce qui compte, pour réussir sa vie, c’est de faire un bon mariage avec un mari de classe supérieure qui nous apportera, à nous pauvres femmes, de nouvelles relations et perspectives de vie.

Cette façon de raisonner était à mon sens monnaie courante à l’époque.  L’objectif d’une femme n’était pas de faire carrière ou de s’accomplir en tant qu’être humain, mais bel et bien de faire un beau mariage (mentalité qui malheureusement persiste de nos jours).

Emma de Jane Austen

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Dans « Emma », Jane Austen nous offre une galerie de portraits dont elle fait exprès de grossir les traits : de la stupide Miss Bates, à l’immature Mr Churchill, les personnages défilent plus stupides les uns aux autres. Cette petite touche d’ironie symbolise sans doute l’opposition de l’auteure pour ce genre de mentalité étriquée (serait-ce là une marque de féminisme ?).

Cette société vit complètement renfermée et égocentrée sur elle-même puisque leurs uniques sujets de conversations sont des cancans de voisinage. Et quand je lis sur la quatrième de couverture que Jane Austen a passé une partie de sa vie dans ce monde provincial… comme je la plains ! Cela donne envie de s’enfuir en courant !

J’ai eu un peu de mal à rentrer dans cette lecture car le roman souffre de beaucoup de longueurs. Les thèmes de prédilections de Jane Austen sont toujours présents : l’amour, l’orgueil, les préjugés. Néanmoins, les discussions nombrilistes des personnages sont parfois à n’en plus finir !

En somme, un pavé parfois long mais marquant les débuts du féminisme donc toujours instructif à lire !

Ma note : 2/5

 

 

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Bilan livresque 2015

Publié le par mademoisellechristelle

2015 aura été une année chargée pour moi ; non pas en littérature comme je l’aurai espéré mais plutôt professionnellement parlant.. Les conséquences s’en sont faites ressentir : moins de temps pour lire, moins de temps pour écrire ce qui a engendré en cette fin d’année beaucoup de frustration.

Il y a quelques jours, je me suis dit que ma seule bonne résolution pour l’année 2016 serait de VIVRE. Lire et écrire en feront évidemment partie !

Je vous souhaite à toutes et tous une très belle année 2016.

Voici mon top 5 sur les 21 livres lus cette année :

Bilan livresque 2015
  1. Celui qui m’a captivé
Bilan livresque 2015

2. Celui qui m'a fait vibrer

Bilan livresque 2015

3. Celui qui m’a fait voyager

Bilan livresque 2015

4. Celui qui m’a appris la tolérance

Bilan livresque 2015

5. Celui qui a fait de moi une reine de la mafia

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D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan

Publié le par mademoisellechristelle

D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan

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Ce que dit la quatrième de couv' : « Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait jamais croiser ».

Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d'une époque fascinée par le Vrai.

Ce que j’en pense : Si « D’après une histoire vraie » devait m’être contée en deux mots, je dirais : captivant et fascisant.

Je m’explique.

Dans son précédent roman, « Rien ne s’oppose à la nuit », Delphine de Vigan ouvrait la boîte de Pandore et dévoilait sous l’œil du lecteur médusé sa propre tragédie familiale. Suite à cela, elle reçut plusieurs lettres anonymes dans lesquelles son auteur (anonyme) lui déversait toute sa haine.

Ces lettres ont terrifié Delphine de Vigan et on pouvait légitimement se demander si elle pourrait reprendre la plume après cela. Exercice difficile, surtout quand on est allé si loin dans l’écriture.

Dans ce nouveau roman, Delphine (de Vigan) raconte comment elle est en proie au doute. Elle souffre également du syndrome de la page blanche, à tel point qu’elle ne peut plus écrire une ligne voire même tenir un stylo entre ces mains sans être prise de vertiges (pas commode pour faire sa liste de courses).

C’est alors qu’elle fait la rencontre de L., pour qui elle sera une cible idéale.

D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan

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Dès leur rencontre, L. apparait comme un personnage fascinant. Le genre de femme que l’on voudrait être quand on est une femme qui a dû mal à s’affirmer : élégante, indépendante, sûre d’elle.. bref, le genre de femme charismatique tout droit sortie d’une pub pour Gérard Darel.

Mais L. va se révéler en réalité menteuse, manipulatrice et va peu à peu prendre l’ascendant sur Delphine. La relation qui va naitre entre les deux femmes sera exclusive, au-delà du fusionnel.. jusqu’à ce qu’elle prenne un tournant inattendu et périlleux pour Delphine.

 

D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan

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Delphine de Vigan se lance dans un thriller psychologique avec un suspens à la Hitchcock vraiment bien ficelé. Même si l’histoire tarde à démarrer, le lecteur est ensuite happé, impatient de connaitre la suite du roman. En ce qui me concerne, c’est l’un des meilleurs romans que j’ai lu cette année.

« D’après une histoire vraie ».. ou presque.. mélange fiction et réalité. L’auteur qui parle à la première personne est-elle Delphine de Vigan ? Rien n’est moins sûr..

Delphine de Vigan sème le doute dans l’esprit du lecteur qui peine à distinguer le vrai du faux, la réalité de la fiction. Mais cela importe peu car on prend réellement du plaisir à se laisser prendre au jeu de cette « histoire vraie ».

Les désirs des lecteurs sont au centre du roman : que veulent les gens ? Des autobiographies, des introspections, du réel, comme le soutient L. ? Ou se laisser entrainer, bouleverser, passionner par une fiction comme le pense Delphine ? Deux visions s’affrontent jusqu’à ce qu’une des deux prenne le dessus.

Dans un monde en quête d’« histoires vraies », de vécu et de téléréalité, la fiction a-t-elle toujours une place ? Finalement, peu importe l’histoire (vraie ou pas), l’important c’est la manière de la (ra)conter.

 

Ma note : 4/5

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