Les fantômes du vieux pays de Nathan Hill

Publié le par mademoisellechristelle

Ce que dit la quatrième de couv’ : Scandale aux Etats-Unis : le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle, a été agressé en public par une femme de soixante et un ans qui devient une sensation médiatique. Samuel Anderson, professeur d’anglais à l’université de Chicago, reconnait alors à la télévision sa mère, qui l’a abandonné à l’âge de onze ans. Et voilà que l’éditeur de Samuel, qui lui avait versé une avance rondelette pour un roman qu’il n’a jamais écrit, menace de le poursuivre en justice. En désespoir de cause, le jeune homme promet un livre révélation sur cette mère dont il ne sait presque rien et se lance ainsi dans la reconstitution minutieuse de sa vie, à la découverte des secrets qui hantent sa famille depuis des décennies.

Le gros titre apparait à la une un après-midi, presque simultanément, sur plusieurs sites d’informations : AGRESSION DU GOUVERNEUR PACKER !

Quelques minutes plus tard, la télévision s’empare du sujet. Interrompant les programmes pour un flash spécial, le présentateur adresse un regard grave à la caméra et annonce : « Nous apprenons à l’instant de nos correspondants à Chicago que le gouverneur Sheldon Packer a été agressé. » Pendant un moment, personne n’en sait plus, il a été agressé, c’est tout. La confusion se prolonge encore quelques minutes, durant lesquelles les deux mêmes questions sont sur toutes les lèvres : Est-ce qu’il est mort ? Est-ce qu’on a des images ?

Ce que j’en pense : Breaking news ! Le gouverneur Packer, politicien américain conservateur à la mèche rebelle (toute ressemblance avec une personne existant ou ayant existé serait purement fortuite) vient de se faire agresser à Chicago ! L’agresseur(e) se nomme Faye Anderson, une femme de soixante ans, surnommée désormais par la presse « Calamity Packer ».

Tout le pays a les yeux rivés sur Chicago. Tout le pays sauf une personne : Samuel Anderson. Samuel est un professeur de lettres à l’université qui a raté sa carrière d’écrivain. Et pour oublier qu’il a raté sa carrière, Samuel passe son temps libre à jouer en ligne.

Quelle surprise lorsqu’il découvre « Calamity Packer » à la télévision pour la première fois, et quelle plus grande surprise encore lorsqu’il découvre que « Calamity Packer » n’est autre que sa mère qui l’a abandonné à l’âge de onze ans !

D’ailleurs, ce fait divers tombe à pic puisque la maison d’édition de Samuel le menace de poursuites judiciaires s’il ne rend pas immédiatement un projet de roman. Samuel décide alors de partir sur les traces de sa mère et de comprendre son geste. Il ne sait pas encore qu’il va ouvrir la boite de Pandore…

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Difficile de résumer sa pensée en quelques lignes après une lecture de 950 pages !

En tous cas, je remercie les éditions Folio-Gallimard pour ce voyage aux Etats-Unis des années 1960 à 2000. Au programme à l’aller : j’ai manifesté contre la guerre au Vietnam, j’ai fumé des joints tout en écoutant Janis Joplin et j’ai découvert l’amour libre. Le retour m’a paru beaucoup plus terre à terre puisque j’y ai découvert les travers d’une époque à travers les réseaux sociaux, avec une escale par les jeux en ligne, pour finir avec les médias.

J’ai trouvé son approche du monde moderne d’une grande lucidité. Pour preuve cette citation :

 

Nous sommes plus fanatiques que jamais dans le domaine de la politique, plus extrêmes que jamais dans le domaine de la religion, plus rigides que jamais dans nos raisonnements, de moins en moins capable de compassion. Nous ne voyons plus le monde que sous un angle totalitaire et inflexible. Nous passons globalement à côté des problèmes que la diversité et la communication globale engendrent. Plus personne donc ne s’occupent de principes éculés comme la vérité et le mensonge.*

Sur fond de grande Histoire, l’auteur raconte également des petites histoires de la famille et des amis de Samuel. Il y a énormément de personnages et on sent que la psychologie de chacun d’entre eux a été travaillée, chaque ligne étudiée, chaque mot pesé. Le personnage de Bishop m’a personnellement beaucoup marqué.

« Les fantômes du vieux pays » est une lecture dense, volumineuse. On en prend pleins les yeux et plein les lignes. Pour moi, l’auteur aurait presque pu le séparer en plusieurs volumes. Je n’ai pas toujours été fan des romans fleuve car j’ai toujours trouvé certaines parties moins intéressantes que le reste (c’est le cas ici pour le personnage de Pwnage). Mais je vous encourage tout de même à aller au bout car cela en veut vraiment la peine.

J’ai lu que l’auteur avait mis dix ans à écrire ce roman. Le projet est ambitieux, le résultat admirable. Nathan Hill est un auteur sur qui je parie pour l’avenir !

 

Ma note : 3,5/5

Publié dans Littérature

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