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Nina Simone, roman de Gilles Leroy

Publié le par mademoisellechristelle

nina-simone.jpgL'histoire : Très tot, la petite Eunice Kathleen Waymon possèda des dons exceptionnels pour le piano. Ses parents lui imposèrent alors une discipline quasi militaire et l'obligèrent à se perfectionner chaque jour en prenant des cours auprès de professeurs particuliers. Grâce à la générosité de son entourage, elle put également fréquenter les écoles spécialisées.

Bach, Chopin et Debussy étaient ses mentors et Eunice n'avait alors qu'une chose en tête : devenir la première pianiste classique noire.

Le destin (ou la ségrégation) en décidera pourtant autrement, puisqu'Eunice sera recalée à l'examen d'entrée du prestigieux Curtis Institute. Que faire alors ? Sa déception est immense, toutes ses années de travail et d'acharnement ont été réduits à néant..

Eunice Kathleen Waymon va alors devenir Nina Simone..

Ce que j'en pense : véritable déesse de la musique noire américaine, Nina Simone a connu un succès fulgurant qui l'a propulsée aux sommets des charts internationaux. Son histoire, sa vie, sont à eux seuls un roman, que Gilles Leroy réécrit pour nous. 

Nina Simone-copie-1Le lecteur fait connaissance avec une Nina Simone en fin de carrière et en fin de vie. On verrait presque se mouvoir devant nous et avec difficulté, une femme épuisée par la vie, trahie par les siens, victime de ses abus d'alcool et de drogue, et rongée par la maladie.

Dans le roman de Gilles Leroy, Nina s'adresse au lecteur en se confiant à son domestique Ricardo. Elle revient sur son enfance, ses années de jeune femme mariée, sa carrière ou encore les circonstances et les personnes qui engendreront sa déchéance.

Entrer dans l'intimité d'une diva n'est pas donné à tout le monde.. Et c'est presque un fantasme, que Gilles Leroy réalise pour nous. Les divas fascinent et suscitent l'admiration, mais savons-nous réellement à quel prix ?

Je n'avais pas connaissance de la personnalité de Nina Simone auparavant, mais Gilles Leroy la décrit telle que je l'imaginais: une femme forte, volcanique, intelligente, envoûtante, mais surtout, une femme immensément seule..

Seule car elle s'est perdue sur le chemin de la starification.

Eunice, c'était mon vrai nom. Maintenant je l’ai oublié. Cinquante années passées dans la peau de Nina Simone m’ont fait oublier mon nom. Et c’est une drôle de chose, à la fin, que de devoir porter un nom qui n’a jamais été le sien. Pour vivre un destin qui n’était pas le sien.

Seule car elle manquait terriblement d'affection de la part de son entourage.

Le soir, mon public me donnait l'illusion qu'on m'attendait quelque part. J'avais des attaches, en ce monde, des raisons de vivre. De retour à l'hôtel, toute la nuit je tournais en rond, saisie d'angoisses qui m'enfonçaient un poing dans le ventre, me faisaient suffoquer, supplier, et toute la nuit la musique prenait possession de mon cerveau.

Nina+SimoneMême si sa biographie est romancée, Nina Simone est un personnage terriblement attachant car la diva nous apparaît à nous, pauvres mortels, comme un être humain, avec ses failles et ses faiblesses. On la lit telle qu'elle est..

L'écriture de Gilles Leroy se fait nostalgique, intime et délicate afin de rendre un très bel hommage à la diva. Seul bémol : l'histoire est parfois confuse car Nina revient sur sa vie passée de manière un peu désordonnée et l'on a du mal à suivre la chronologie des évènements.

Mais cela n'enlève rien à la qualité de ce roman (et non biographie) que j'ai eu du mal à refermer pour la dernière tant je l'ai aimé. Ne me quitte pas, Nina..

 

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Et pour finir, une petite citation : "C'est le public blanc qui a fait le succès mondial de My Baby Just Cares for me... C'est la publicité Chanel. Trois milliards de disques vendus. Crois-moi, ce ne sont pas les gamins des ghettos qui achetaient ça. Et finalement, sur les millions de royalties que me doit Melvin Records, je toucherai à peine cent mille dollars. Alors oui, quand tu réalises que ça fait quarante ans qu'on te baise ainsi, il t'arrive de voir rouge, de sortir ton gun et de vouloir saigner à ton tour ceux qui te saignent depuis toujours. Soit dit en passant, et pour revenir à des choses plus futiles, j'attends toujours que Chanel m'envoie un flacon de N°5. Ce serait chic de leur part".

 

 


 

 

 

Publié dans Littérature

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