Sorcières de Mona Chollet

Publié le par mademoisellechristelle

 

 

Ce que dit la quatrième de couv’ : Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ? Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante - puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant – puisque l’époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d’horreur. Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s’est développé alors tant à l’égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.

« Bonjour Gloria, je suis si heureuse d’avoir enfin l’occasion de vous parler… »
Ce jour de mars 1990, sur CNN, Larry King reçoit Gloria Steinem, monstre sacré du féminisme aux Etats-Unis. Une téléspectatrice appelle de Cleveland, Ohio. La voix est douce et on présume qu’il s’agit d’une admiratrice. Mais, très vite, on comprend qu’on s’est trompé. « Je pense que votre mouvement a été un échec complet, accuse la voix suave. Je pense que vous êtes l’une des causes principales du déclin de notre belle famille et de notre belle société américaine. Quelques questions : j’aimerais savoir si vous êtes mariée ? et si vous avez eu des enfants ?... »

Ce que j’en pense : Dans l’inconscient collectif, on se représente les sorcières comme des vieilles dames moches et méchantes avec un nez crochu et un rire diabolique. Les sorcières du 21ème siècle ressemblent à vous et moi, mais ont des caractéristiques communes avec leurs homologues passées.

 

Mona Chollet en identifie trois catégories : les femmes indépendantes (comprendre qui ne vivent pas sous la tutelle d’un mari), les femmes qui ne désirent pas d’enfants et les femmes âgées. En somme, ce sont des femmes qui ont perdu le droit d’être femme car elles ne répondent pas aux critères modernes de la féminité.

Et si au contraire, en s’affranchissant des injonctions faites aux femmes (on retrouve déjà ce thème dans le premier essai de Mona Chollet, Beauté Fatale), ces femmes étaient en phase avec elles-mêmes et acquéraient une sorte de pouvoir (« la puissance invaincue des femmes », sous-titre du livre) ?

 

J’ai adoré l’introduction extrêmement bien documentée qui rétablit des vérités sur les chasses aux sorcières à la Renaissance. Ainsi, ont pu être jetées au bûcher des femmes célibataires, qui ont avorté ou encore celles qui étaient ménopausées. Ces sorcières étaient surtout des femmes qui faisaient peur aux hommes et jugées par un tribunal masculin.

Mona Chollet a fait preuve d’un extraordinaire travail de recherches pour l’écriture de « Sorcières » qui met en lumière ces femmes qui ont un chemin de vie difficile, parce qu’elles ont fait un choix différent des « bien-pensants » et qu’elles l’assument. J’ai été un peu moins emballée par la fin du bouquin car j’ai trouvé que l’on tournait un peu en rond.

 

En ce qui me concerne, j’ai 37 ans, je suis célibataire sans enfants (et sans chat), j’ai une sciatique, le cheveu hirsute et parfois blanc… Fichtre, je suis moi aussi une sorcière ! Bon ben, je vous laisse… j’ai un bûcher qui m’attend !

 

Ma note : 3/5

 

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