Je me suis tue de Mathieu Menegaux

Publié le par mademoisellechristelle

 

Ce que dit la quatrième de couv’ : Du fond de sa cellule, Claire nous livre l’enchaînement des faits qui l’ont menée en prison : l’histoire d’une femme victime d’un crime odieux. Elle a choisi de porter seule ce fardeau. Les conséquences de cette décision vont se révéler dramatiques. Enfermée dans son mutisme, Claire va commettre l’irréparable. Personne, ni son mari, ni ses proches, ni la justice ne saisira les ressorts de cette tragédie moderne.

 

La porte vient de se refermer derrière moi. J’attends le claquement coutumier du verrouillage électronique, et voilà. Je suis tranquille, jusqu’à demain matin, 7 heures. Tranquille, façon de parler : il suffit de faire abstraction des plaintes des nouvelles arrivées, du grincement des œilletons qui coulissent et des éclairs de lumière dans la cellule toutes les trois heures. D’en face, du grand quartier des hommes, me parvient le raffut angoissant et obsédant du bâton des surveillants qui tape et retape méthodiquement sur les barreaux des fenêtres avant la nuit, pour s’assurer qu’ils n’ont pas été sciés. Routine de l’administration, qu’elle applique avec zèle. Pas vraiment une berceuse.

Ce que j’en pense : Claire est invitée à diner chez un collègue de son mari, Antoine. La soirée s’éternise, elle boit un peu plus pour tuer l’ennui. Puis n’y tenant plus, elle signifie à son mari qu’elle est morte de fatigue et qu’elle préfère rentrer. « Reste, toi », elle ne voudrait pas priver son mari d’une si bonne soirée, d’autant plus qu’il est en grande discussion avec ses collègues à ce moment-là.

 

Claire enfourche un Vélib et passe par une ruelle sombre pour rentrer chez elle… La suite est abominable. Claire subit l’abominable, et choisit de se taire. Elle se conditionne à croire que rien ne n’est passé. Elle peut tout surmonter. Elle veut tout contrôler. Elle ne dira rien, à personne. Quoi qu’il advienne. Son silence a scellé son destin. Et pourtant… si elle avait parlé… tout aurait été si différent…

 

« Je me suis tue » est un livre très court (une journée peut suffire) mais j’ai presque dû m’arrêter de respirer pour le lire. Il est d’une tension et d’une intensité incroyables de la première à la dernière ligne.

Plusieurs fois, j’ai eu envie de secouer Claire, de lui hurler d’oublier son maudit orgueil et de se confier, mais je suppose que le silence était un choix délibéré de l’auteur qui a cherché à nous interpeller. 

 

J’avais déjà lu et adoré « Un fils parfait » du même auteur et je pense que « Je me suis tue » me marquera pendant longtemps. C’est une lecture parfois difficile mais qui vous laissera un souvenir impérissable.

 

Ma note : 4/5

 

Publié dans Littérature

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