Un long chemin vers la liberté de Nelson Mandela

Publié le par mademoisellechristelle

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Ce que dit la quatrième de couv’ : Nelson Mandela commence la rédaction de ses souvenirs en 1974 au pénitencier de Robben Island et l’achève après sa libération, en 1990, à l’issue de vingt-sept années de détention. Né et élevé dans la famille royale des Thembus, Mandela gagne Johannesbourg où il ouvre le premier cabinet d’avocats noirs. Il devient un des leaders de l’ANC (Congrès National africain).

Dès lors, à travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond avec son combat pour la liberté, faisant de lui l’homme clef pour sortir l’Afrique du Sud de l’impasse où l’ont enfermée quarante années d’apartheid. Un document majeur sur un des grands bouleversements politiques de la fin du XXème siècle.

 

En plus de la vie, d’une forte constitution, et d’un lien immuable à la famille royale des Thembus, la seule chose que m’a donnée mon père à la naissance a été un nom, Rolihlahla. En xhosa, Rolihlahla signifie littéralement « tirer la branche d’un arbre », mais dans la langue courante sa signification plus précise est « celui qui crée des problèmes ». Je ne crois pas que les noms déterminent la destinée ni que mon père ait deviné mon avenir d’une façon ou d’une autre mais, plus tard, des amis et des parents attribueront en plaisantant à mon nom de naissance les nombreuses tempêtes que j’ai déclenchées et endurées.

Ce que j’en pense : cette lecture était l’une des plus difficiles que j’ai eues car elle fut longue (758 pages format poche), dense et très détaillée.

Je ne peux bien évidemment pas juger du fond de l’histoire, puisqu’il s’agit de la vie d’un homme.. et quel Homme ! Nelson Mandela a marqué l’Histoire avec un grand H : c’est un modèle de bravoure et de dignité. Il a fait couler beaucoup d’encre, fait l’objet de nombreux documentaires et un film retrace même son existence. Inutile donc de vous le présenter.

Toutefois, je me permettrais de dire quelques mots sur la forme, avec toute l’humilité possible étant donné la grandeur du personnage (et ma petitesse à moi).

L'Anglais éduqué était notre modèle ; nous aspirions à devenir des "Anglais noirs", comme on nous appelait parfois par dérision. On nous enseignait - et nous étions persuadés - que les meilleures idées étaient les idées anglaises, que le meilleur gouvernement était le gouvernement anglais et que les meilleurs hommes étaient les anglais.

Ce qui m’a immédiatement frappée, c’est l’écriture extrêmement fournie et détaillée de Nelson Mandela, surtout quand on sait qu’il a rédigé son livre a posteriori. Tous ces détails sont impressionnants car le travail de mémoire a dû être colossal, mais ils ont l’inconvénient de rendre la lecture plus difficile. La lectrice que j’étais avait du mal à suivre la ligne directrice du roman et les nombreux détails m'ont souvent embrouillés.

J’ai également trouvé que l’écriture était très « masculine » car très factuelle, pudique, presque objective. Mandela ne parle que très peu de ses sentiments. S’il avait été une femme, je pense que les sentiments liés à la séparation avec ses enfants et sa famille auraient été beaucoup plus développés et l’histoire beaucoup plus axée sur le ressenti ; sans parler des questions métaphoriques qu’il elle se poserait (« Suis-je une bonne mère ? » «Mon combat en vaut-il la peine ?» « Quelle est la place de la femme dans ce système ? » etc).

La plate-forme de Malan était connue sous le nom d'apartheid. Il s'agissait d'un terme nouveau mais d'une vieille idée. Mot à mot, cela signifie "séparation" et le terme représentait la codification dans un système oppressif de toutes les lois et de tous les règlements qui avaient maintenu les Africains dans une position inférieure aux Blancs pendant des siècles.

J'ai trouvé cette lecture extrêmement riche et empreinte de philosophie sur le rapport à l'autre et la non violence. C'est un témoignage extraordinaire pour nos historiens et une marque indélébile dans l'histoire. Mon seul regret dans ce livre, c’est qu’il s’arrête juste avant son accession au pouvoir. J’aurai aimé savoir comment il appréhendait ses nouvelles fonctions et ses relations avec ses nouveaux collaborateurs.

Ce que je trouve le plus incroyable, c'est l'idée que j'ai vu le jour dans un monde qui pratiquait l'apartheid. Dans ma tête, il s'agit d'une pratique du siècle dernier (euhhh oui, en fait, c'est ça).

Après avoir refermé « un long chemin vers la liberté », je n’ai eu qu’une envie : me rendre en Afrique du Sud et voyager sur les traces de Nelson Mandela. Voir les township dans lesquels il a habité, m’émouvoir dans la cellule dans laquelle il est resté 18 ans, pleurer devant la beauté des paysages africains. Un jour, peut être..

C'est auprès de ces camarades que j'ai appris, dans la lutte, le sens du courage. Je n'ai cessé de voir des hommes et des femmes risquer et donner leur vie pour une idée. J'ai vu des hommes supporter des brutalités et des tortures sans craquer, montrant une force et une résistance qui défient l'imagination. J'ai appris que le courage n'est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre.

Un long chemin vers la liberté de Nelson Mandela

Ma note : 4/5

Publié dans Littérature

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