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Rhum Express de Hunter S. Thompson

Publié le par mademoisellechristelle

rhum-express_couv-copie-1.jpgL’histoire : L’histoire est assez simple. Dans les années 50, Paul Kemp, journaliste un peu paumé, se retrouve sur l’ile de Porto Rico où il a été embauché pour travailler dans la gazette locale, le San Juan Daily News. Il va faire connaissance avec ses collègues de travail : d’autres journalistes tout aussi paumés voire ratés, désabusés, ou parias de la société à la recherche d’une existence meilleure sous les tropiques.
Tous pensent qu’ils vont connaitre une vie plus libre et plus facile. Tous vont connaitre la désillusion. Ils sont libres certes, mais ils vont devoir affronter le pendant de cette liberté : l’ennui. Alors pour tuer l’ennui, Paul Kemp va enchainer les bagarres, les fêtes, l’alcool, les filles faciles etc..
Paul Kemp va également découvrir ce qui se cache sous ce paysage de carte postale : l’argent, la corruption et surtout le rhum qui coule à flot.
Enfin, le narrateur se livre à une âpre critique de la société américaine, qu’il voit comme une civilisation impérialiste et dominatrice qui profite de la désorganisation de Porto Rico pour s’en mettre plein les poches. « Nous étions entourés, cernés de gens que j’avais passé dix ans à éviter par tous les moyens, femmes informes en maillots de bain molletonnés, hommes au regard mort, aux jambes blafardes et au rire fat, tous américains, tous affreusement semblables. Une engeance qu’il faudrait empêcher de quitter son trou, me suis-je dit ».
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Ce que je bois j’en pense : franchement, j’ai eu l’impression que toute cette histoire m’a été racontée par un alcoolique accoudé au bar dans un troquet perdu au milieu de nul part. Et non seulement, le roman m’a été raconté par un homme saoul, mais surtout, j’ai eu l’impression d’être saoule avec lui !
Il faut dire que pas une page du livre ne contient pas d’allusion, au rhum ou à une bouteille de rhum. La principale préoccupation des personnages est d’ailleurs comment se procurer une bouteille de rhum (ils en boivent plus que de l’eau). Du coup, le lecteur a cette désagréable impression d’être dans le brouillard et d’ « émerger » en même temps que le personnage principal.. En un mot, ce livre vous donne la gueule de bois !
Pour moi, « Rhum express » fait partie de cette catégorie de roman qui a mal vieilli. Il s’agit d’une sorte de quête initiatique, où le personnage plaque tout, et s’en va vers une destination plus ou moins exotique pour voir comment est la vie ailleurs et pour comprendre des choses sur lui-même.
Tout comme Paul Kemp est déçu de cette liberté dont il espérait tant, je suis déçue de ce bouquin et n’ai pas du tout accroché à l’intrigue ou au style de l’auteur. Pourtant, je fondais de grands espoirs : Hunter S. Thompson est également connu pour avoir écrit le fameux « Las Vegas Parano » (tiens, les deux films ont pour acteur principal Johnny Depp..).
Le personnage principal, plutôt lâche, assez en retrait et observateur de sa propre vie ne m’a pas convaincue également.
Il ne me reste plus qu’à me remettre de ma gueule de bois et passer à autre chose ! Allez, à vot’ santé !
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Et pour finir (hip), une petite citation : « Il n'y avait pas de filles dans ce bar. Seulement des femmes mûres et des hommes chauves en tenue de soirée. Je tremblais, maintenant. Et si j'allais avoir une crise de delirum tremens ? J'ai continué à boire, de plus en plus vite. J'essayais de me soûler à fond. J'avais l'impression que les gens me regardaient avec toujours plus d'insistance, mais j'étais incapable de protester, de prononcer un seul mot, je me sentais isolé, épié, démasqué. J'ai glissé tant bien que mal de mon tabouret et je suis sorti héler un taxi. Trop mal en point pour prendre une chambre à l'hôtel, je n'avais nul part où aller sinon un appartement puant infesté de cafards. Le seul toit qui puisse m'abriter ».

  Ce billet intègre le challenge de Géraldine
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Publié dans Littérature

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La délicatesse de David Foenkinos

Publié le par mademoisellechristelle

la-delicatesse.jpgL’histoire : Nathalie tombe éperdument amoureuse de François. François tombe éperdument amoureux de Nathalie. Entre eux, c’est un coup de foudre immédiat, c’est un couple parfait, c’est du  bonheur à l’état pur, c’est un amour à en faire pâlir plus d’un. Un classique.. Mais cette belle histoire va vite être gâchée par un évènement majeur : la mort de François.
Nathalie va alors devoir faire face à une douleur inqualifiable : la perte de l’être aimé. Elle va devoir se reconstruire jour après jour, affronter le regard des autres, faire face à sa solitude, et surtout, accepter l’idée que François ne reviendra plus jamais.
Et dans le cadre de sa reconstruction, Nathalie commet un acte insensé : elle embrasse Markus, l’un de ses collègues de travail, sans raison apparente. Nathalie, jeune femme discrète au charme envoutant, qui embrasse Markus, jeune homme plutôt gauche, pas très sûr de lui et loin de ressembler à un mannequin, ça étonne tout le monde..
Nathalie, elle, ne comprend pas pourquoi elle a fait cela. Markus, quant à lui, est résolument décidé à le savoir..
Ce que j’en pense : il est très difficile de passer juste après la lecture d’un livre qui vous a touché au plus profond de votre être (« La femme au miroir »). Et pourtant, David Foenkinos réussit l’exercice avec style. Il a été pour moi une « très bonne transition ».
J’ai trouvé l’histoire et les personnages plutôt touchants et je me suis très vite attachée au personnage de Nathalie. Sa façon d’appréhender l’amour avec des cicatrices m’a beaucoup plu ; tout comme le fait de s’affirmer en tant que femme dans son travail, voire même en tant que femme libre (cf. la fin du bouquin donc je ne dévoilerai rien).
Néanmoins, j’ai eu très peur au début. En effet, l’histoire commence comme une histoire d’amour hyper classique où l’on s’ennuie, parce qu‘elle sent « le vu, le re-vu et le re-re-vu ». Je comprends donc les polémiques que « La délicatesse » a suscité chez ses lecteurs. Le sujet en lui-même reste d’ailleurs hyper classique.
Et puis, tout bascule après le surprenant baiser que donne Nathalie à Markus. Tout comme Nathalie, le lecteur est interloqué par la folie de son geste et reste suspendu à la plume de l’auteur pour en savoir plus.
Ce baiser marque le début d’une histoire singulière entre deux personnages radicalement différents. On aurait presque envie d’y croire « pour de vrai », à cette histoire. Et pourtant, dans la réalité, je connais peu de bombes sexuelles perchées sur des talons qui ont embrassé sans raison des hommes au physique plutôt ingrat.. Il fallait bien un livre pour souligner la singularité de ce geste.
J’ai également apprécié les petites notes de l’auteur entre deux chapitres qui ajoutent un ton décalé, une originalité au bouquin qui ne m’a pas dérangé outre mesure.
C’est un livre qui se lit très rapidement et pour lequel l’auteur a adopté un style tout en douceur, en finesse et en délicatesse..
A savourer avec plaisir un dimanche de pluie avec un café et une bonne pâtisserie..
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Et pour finir, une petite citation : « Ils s’assirent. Il y avait cet émerveillement réel entre eux, celui du plaisir physique. Quelque chose qui était le merveilleux des contes, des instants volés à la perfection. Des minutes que l’on grave dans sa mémoire au moment même où on les vit. Des secondes qui sont notre future nostalgie. « Je me sens bien », souffla Nathalie, et Markus fut réellement heureux ».

 

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La femme au miroir de Eric Emmanuel Schmitt

Publié le par mademoisellechristelle

la-femme-au-miroir-copie-1.jpgL’histoire : « La femme au miroir » raconte l’histoire de trois femmes, qui vivent à trois époques différentes. Toutes trois vont arriver à un tournant majeur de leur vie et se rendre compte qu’elles sont différentes de leurs contemporaines. Toutes trois ont tout pour être heureuses et possèdent tout ce que toutes les autres femmes ont toujours rêvé d’avoir. Et pourtant..

Anne vit à Bruges, à l’époque de la Renaissance. Alors qu’elle est sur le point de se marier avec l’un des meilleurs partis de la ville, Anne s’enfuit et se réfugie dans la forêt pour entrer en communion avec la nature et les animaux. Elle n’en ressortira que grâce à l’aide d’un moine un peu marginal. Il en  est persuadé : Anne a refusé le mariage car elle est en réalité une servante de Dieu.

Hanna vit dans la Vienne impériale de Sigmund Freud. Hanna a tout pour être heureuse : elle s’est mariée avec un homme fortuné, véritable prince charmant de conte de fées et complètement fou amoureux d’elle ; tellement amoureux qu’il l’exhibe devant toute l’aristocratie viennoise tel un objet de fierté. Hanna confie pourtant son grand malheur à son amie d’enfance à travers ses lettres : elle n’arrive pas à être heureuse avec son mari. Bien qu’ayant un mari doux et attentionné, Hanna ne parvient pas à éprouver de réels sentiments amoureux pour lui et perçoit ses rapports sexuels comme des « exercices de gymnastique » sans fin. Mais surtout, elle se sent en dessous de ce que la famille de son mari attend particulièrement d’elle, enfanter.

Anny est une star que s’arrache le tout Hollywood de nos jours. C’est l’une des meilleures actrices de sa génération et une brillante carrière s’offre à elle dans le cinéma. Et pourtant, Anny sent un grand vide au fond d’elle qu’elle ne parvient pas à combler ; elle sent que sa vie manque de substance et que son univers est factice. Anny consomme drogues, alcools jusqu’à s’en étourdir et oublier ; elle consomme également les hommes avec qui elle entretient des relations plus que passagères. Tout cela n’a qu’un seul objectif : Anny cherche à s’autodétruire.  

Pour échapper à leur destin, les trois femmes prennent la fuite et se réfugient dans ce qui était censé résoudre les problèmes à leurs époques respectives : Anne fuit son mariage et se réfugie auprès de Dieu ; Hannah fuit ses devoirs d’épouse et se réfugie dans la psychanalyse ; Anny fuit la gloire de Hollywood et se réfugie dans la drogue et l’alcool.

Ces trois femmes rebelles et insoumises vont pourtant choisir reprendre leur destin en main et donner un sens à leur vie malgré ce que les attentes de la société.

Ces trois femmes, que des siècles séparent, sont pourtant infiniment proches.. Ne formeraient-elles pas en réalité qu’un ?

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Ce que j’en pense : Ce roman est un véritable coup de cœur: plus que ça, il m’a transcendé ! Eric-Emmanuel Schmitt a su me toucher tant dans les thèmes abordés que dans son écriture.

De manière générale, la cause de la femme est le thème principal de ce roman. L’auteur y aborde non seulement ses forces mais aussi ses faiblesses, ses désirs les plus profonds, ses angoisses, et surtout, l’image de la femme à travers le miroir de la société.

En effet, Eric-Emmanuel Schmitt a choisi d’intituler son roman « La femme au miroir » car les trois personnages n’arrivent pas à se refléter dans le miroir qu’offre la société. Et pour cause, ce miroir leur renvoie une image de ce qu’elles devraient être alors qu’en réalité elles souhaitent y voir ce qu’elles sont vraiment. D’ailleurs, symboliquement au début du roman, un miroir se brise..

J’ai été étonné du fait qu’un homme arrive si justement à décortiquer et analyser les sentiments des femmes. Moi qui avait cru que seul Stefan Zweig arrivait à décortiquer avec brio les sentiments humains.. c’est dire!

D’ailleurs, les trois héroïnes ont un rapport particulier avec l’autre sexe. Toutes trois subissent le désir des hommes, auquel elles veulent échapper. Anne s’enfuit le jour de son mariage, Hannah cherche à échapper à ses devoirs d’épouse et Anny, qui collectionne les hommes, se regarde dans le miroir et se demande « c’est qui cette pute […] qui a couché avec tous les garçons présents ? »

Le style du roman est plutôt fluide et léger. Malgré son épaisseur (450 pages), il se lit très facilement sans jamais éprouver la moindre sensation d’ennui. J’ai d’ailleurs trouvé particulièrement original le fait d’utiliser un style épistolaire pour raconter l’histoire de Hanna (style aujourd’hui complètement oublié par les auteurs contemporains). J’adresse également une mention spéciale à l’astuce de l’auteur pour lier les trois femmes..

Je pense que chaque femme peut retrouver une partie d’elle-même au travers de ces personnages qui ne pourtant que pure fiction. D’ailleurs, lorsque l’on ferme « La femme au miroir », on en viendrait presque à se demander : et si cette femme c’était moi ? 

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Et pour finir, quelques petites citations : « Dans quel but je me lève le matin ? A part ma collection, rien de la journée à venir ne m’attire. Néanmoins, bravement, j’endosse mon uniforme, je rabâche mon rôle, je révise mes répliques, je règle mes entrées ou mes sorties, je me prépare à la comédie de mon existence. Je languis peut être après un miracle… Lequel ? Cesser de me voir agir. Ne plus être ni l’actrice ni la spectatrice de moi-même. Arrêter de ma juger, de me critiquer, de percevoir mon imposture. Qu’enfin, tel un sucre dans l’eau, je fonde dans la réalité et m’y dissolve ».

« Pourquoi a-t-on inventé le cinéma ? Pour persuader les gens que la vie a la forme d’une histoire. Pour prétendre que, parmi les évènements désordonnés, que nous subissons, il y a un début, un milieu, une fin. Ca remplace les religions, le cinéma, ça met de l’ordre dans le chaos, ça introduit de la raison dans l’absurde ».

Publié dans Littérature

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