Un fils en or de Shilpi Somaya Gowda

Publié le par mademoisellechristelle

Un fils en or de Shilpi Somaya Gowda

Ce que dit la quatrième de couv’ : Anil est un jeune indien qui commence des études de médecine dans le Gujarat puis part faire son internat aux Etats-Unis. Sa redoutable mère rêve pour lui d’une union prestigieuse. Or, depuis qu’il est petit, elle le sait très proche de Leena, la fille d’un métayer pauvre. Quand celle-ci devient une très belle jeune fille, il faut l’éloigner, en la mariant au plus vite.

 

Les destins croisés d’Anil et de Leena forment la trame de ce roman – lui en Amérique, qui est loin d’être le paradis dont il rêvait ; et elle en Inde, où sa vie sera celle de millions de femmes victimes de mariages arrangés. Ils se reverront un jour, mais chacun prêt à prendre sa vie en main. Mais auront-ils droit au bonheur ?

Anil Patel avait dix ans la première fois qu’il assista à une audience d’arbitrage tenue par son père. Normalement, ces séances étaient interdites aux enfants, mais on fit une exception pour Anil car, un jour, il reprendrait le rôle de son père.

Ce que j’en pense : c’est donc avec un bon thé (j’aurai quand même préféré un authentique tchai indien) que j’ai choisi de vous parler de l’un de mes derniers coups de cœur. Pour cela, je dois d’abord remercier les éditions Folio-Gallimard sans qui j’aurai pu passer à côté de ce chef d’œuvre.

 

« Un fils en or » met en valeur à mon sens un thème cher à la littérature et au cinéma indien : l’opposition entre la tradition et la modernité.

 

La tradition est incarnée par Leena, une jeune fille de condition modeste et entièrement dévouée à ses parents. Ses parents qui, croyant bien faire et rester dans les traditions, la marieront à une sorte de monstre dépourvu de toute humanité. Leena qui n’a comme modèle de couple que celui de ses parents, va bien vite déchanter lorsqu’elle arrivera dans sa belle-famille qui la réduira en esclavage et extorquera de l’argent aux parents de la jeune femme.

 

« Elle n’a qu’à divorcer », me direz-vous. Malheureusement, les choses ne sont pas si simples dans la société indienne et la femme qui choisit délibérément de quitter son mari jette le déshonneur sur sa famille pour avoir commis un tel acte. Leena endurera des souffrances qu’aucun être humain ne mérite sur cette Terre (j’ai encore en tête la scène de la nuit de noces qui n’est ni plus ni moins qu’un viol) jusqu’à finalement prendre courageusement le large pour vivre une vie à l’écart de tous.

Ce soir là, Leena se coucha après avoir revêtu la nouvelle chemise de nuit en coton que sa mère avait rangé dans la malle et attendit que Girish la rejoigne. Épuisée par le voyage et les festivités du voyage, elle sentait ses paupières de plus en plus lourdes. Elle fut réveillée quelques temps après par le poids du corps de Girish contre le sien. Elle ouvrit les yeux et chercha à se redresser, mais il l'obligea à se rallonger.

La modernité est incarnée par Anil. Anil est un brillant jeune homme issu d’une bonne famille parti faire son internat médecine aux Etats-Unis. Une fois sur place, la chute sera rude pour lui également. Les méthodes de travail et le matériel médical sont radicalement différents de ce qu’il a connu en Inde. Une période d’adaptation est plus que nécessaire pour le jeune homme d’un naturel plutôt timide et réservé.

 

Anil est un jeune médecin ambitieux qui cherche à aller plus vite que la musique et qui va se brûler les ailes à plusieurs reprises.. jusqu’à finalement réussir à faire ses preuves. A cela s’ajoute les problèmes de racisme auxquels Anil sera confrontés à la fois à l’hôpital mais aussi à l’extérieur. Ses fréquents aller-retour en Inde vont le faire s'éloigner de sa terre natale sentant que sa place se trouve ailleurs. Le jeune homme se trouvera perpétuellement tiraillé entre deux mondes : la terre qui l’a vu naître et celle qu’il a choisie.

Comment avaient-ils pu s'éloigner autant l'un de l'autre, après avoir commencé leur vie au même endroit ? Il essayait de démêler l'enchevêtrement des émotions qu'il sentait venir en lui, des sensations qu'il n'avait jamais éprouvées auparavant

Alors que nous suivons en parallèle le destin de ces deux personnages, la quatrième de couverture nous invite à réfléchir à la question suivante : « auront-ils le droit au bonheur ? ». Le bonheur, chacun y a droit, que l’on naisse à Panchanagar en Inde ou à Dallas au Texas, homme ou femme, de bonne condition ou non.. encore faut-il aller le chercher là où il est, et le bâtir avec les armes que l’on a.

 

Ma note : 4/5

Publié dans Littérature

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L
Pour moi aussi, ce livre est un coup de cœur! Très beau roman!
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