La vraie vie d'Adeline Dieudonné

Publié le par mademoisellechristelle

 

 

Ce que dit la quatrième de couv’ : C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.

 

Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.

 

D’une plume drôle et fulgurante, Adeline Dieudonné campe des personnages sauvages, entiers. Un univers acide et sensuel. Elle signe un roman coup de poing.

A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres.

Des daguets, des sangliers, des cerfs. Et puis des têtes d’antilopes, de toutes les sortes et de toutes les tailles, springboks, impalas, gnous, oryx, kobus… Quelques zèbres amputés du corps. Sur une estrade, un lion entier, les crocs serrés autour du cou d’une petite gazelle.

Et dans un coin, il y avait la hyène.

Ce que j’en pense : bon.. okay… j’arrive après la bataille…

 

J’ai toujours aimé les livres forts, qui nous bousculent, qui nous secouent. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on passe par beaucoup d’émotions avec ce livre ! Adeline Dieudonné nous raconte « La vraie vie », celle qui te percute en plein visage, qui te prend aux tripes et te sert si fort qu’elle t’empêche de respirer.

Je ne savais pas s'il existait des vies réussies, ni ce que ça pouvait signifier. Mais je savais qu'une vie sans rire, sans choix et sans amour était une vie gâchée.

La narratrice (dont on ne connaitra pas le prénom) est une petite fille de 10 ans. Elle vit avec un père alcoolique et violent, une mère invisible et passive, et son petit frère, qu’elle protège de cet univers. Mais un jour, un événement va traumatiser son petit frère.

Lui qui était jusqu’ici un enfant innocent et rieur, va basculer dans le mutisme. La colère va prendre possession de son corps, et grignoter chaque centimètre carré de peau, jusqu’à atteindre ses yeux, son rire, sa joie de vivre. La narratrice se fixe alors un objectif : devenir Marie Curie pour créer une machine à remonter le temps (comme dans le film), pour tout effacer et empêcher son frère de sombrer dans la violence.

 

Et cet objectif, il compte plus que tout…

 

J’ai été véritablement emportée par la plume d’Adeline Dieudonné car une fois le livre ouvert, il devient physiquement impossible de le lâcher. Je ne me rappelle pas avoir lu quelque chose d’aussi original depuis bien longtemps : ce livre ne ressemble à aucun autre et c’est ce qui a fait son succès, je pense.

 

J’ai adoré les personnages de ce roman et je me suis totalement identifiée à la jeune narratrice qui aime son petit frère d’un amour inconditionnel, quasi maternel. « La vraie vie » est clairement un roman initiatique. Le lecteur assiste à l’évolution de la narratrice qui grandit, manifeste une volonté de s’émanciper, éprouve du désir et se transforme en une véritable guerrière.

 

Il m’a également fait réfléchir sur la ténacité, la violence, les classes sociales : bref, la vraie vie. Malgré la noirceur du décor et de certains personnages, j’ai trouvé qu’il y avait tout de même de l’amour et de la bienveillance dans ce roman. Adeline Dieudonné accomplit un tour de magie : en 260 pages, elle dit tout. Bravo, c’est un coup de au cœur.

 

Ma note : 4/5

Publié dans Littérature

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