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litterature

Orgueil et préjugés de Jane Austen

Publié le par mademoisellechristelle

Orgueil et préjugésL'histoire: Dans l'Angleterre du début du 19ème siècle, le lecteur (ou plutôt, soyons honnête, la lectrice) fait connaissance avec la famille Bennet.

La mère est ce que l'on appellerait communément aujourd'hui une pintade. Elle n'est pas très intelligente, ni très cultivée, elle adore les commérages qu'elle s'empresse de rapporter aux voisins, elle se soucie constamment de ce que les autres vont penser, a une légère tendance matérialiste et intéressée, et n'a qu'un seul objectif dans la vie : marier ses filles.

Le père est beaucoup plus lucide que sa pintade de femme et un brin cynique sur les bords. Il aime s'isoler et ne demande rien à personne, à part vivre sa vie tranquillement et lire ses bouquins dans sa bibliothèque.

Le couple a cinq filles. L'ainée, Jane, est un résumé de la femme parfaite : elle est aussi belle que douce (je l'imagine d'ailleurs avec de longs cheveux blonds et soyeux, ne me demandez pas pourquoi), respectueuse des bonnes manières et qui ne dit jamais un mot de travers. C'est le genre de fille à n'avoir ni mèche ni bourrelet qui dépasse.. Bref, celle que je ne serai jamais..

bennett-family.jpgLa seconde, Elisabeth, est l'héroïne du roman. C'est un peu une princesse rebelle. Elle dit tout haut ce qu'elle pense tout bas, se fiche des convenances, et fait même fait 2 kilomètres à pied (what ?) toute seule, sans calèche, et sous la pluie (double what ?). Mais c'est aussi une jeune femme très intelligente, vive d'esprit, avec le sens de la répartie (les punchliners d'aujourd'hui n'ont rien à lui envier) et une amie sincère à qui l'on peut se confier. Bref, la parfaite héroïne..

Lydia, la troisième, est une espèce de délurée complètement écervelée qui a le feu aux fesses à chaque fois qu'elle voit passer un officier. Quant aux autres sœurs, elles sont tellement insignifiantes qu'on en parle quasiment jamais.

Or, la venue d'un nouveau voisin riche et célibataire, accompagné de son ami (encore plus riche et célibataire aussi, ça tombe bien) va venir bouleverser la vie de tout ce petit monde..


Ce que j'en pense : Je sais que je vais faire figure d'extra-terrestre ici, mais je n'avais jusqu'alors ni lu un roman de Jane Austen, ni vu l'une des adaptations ciné ou TV.. De plus, cela faisait un moment que je n'avais pas lu de classique et ce petit pavé qui m'attendait bien sagement au dessus de ma PAL était l'occasion de m'y remettre !

J'ai un avis plutôt partagé sur Orgueil et préjugés.

Tout d'abord, je trouve que le titre qu'a donné Jane Austen à son roman résume parfaitement ce que l'on va trouver à l'intérieur.

collin firthSelon la définition du dictionnaire, l'orgueil est un sentiment exagéré de sa propre valeur, une estime excessive de soi-même, qui porte à se mettre au-dessus des autres. Quant au préjugé, il s'agit d'une opinion adoptée sans examen, souvent imposée par le milieu, l'éducation.

Lorsque l'on commence le livre, on a l'impression que l'orgueil et les préjugés se concentrent sur la seule personne de Mr Darcy, dans la mesure où il toise tout le monde à son arrivée, n'adresse la parole à personne lors d'un bal donné par son ami, et au cours duquel il n'invitera aucune jeune femme à danser (Oh ! Le goujat !) et où il dira haut et fort qu'Elisabeth est moche (Oh ! Le double goujat !).

Mais l'apparence hautaine de Mr Darcy cache en réalité une grande timidité. La véritable orgueilleuse qui a des préjugés... c'est Elisabeth ! Et à cause de ses défauts, elle manquera de discernement lorsqu'elle préfèrera Mr Wickham à Mr Darcy. La suite du roman lui permettra de découvrir qui sont réellement ces deux hommes..

Ainsi, si les apparences peuvent être trompeuses, il est essentiel de mettre de coté son orgueil et ses préjugés. Seuls les véritables sentiments comptent. C'est un peu « la morale de l'histoire ».

Le thème du roman est le mariage ou plutôt, la quête du mari idéal..

bennet.jpgEn cela, je dois dire que le roman est résolument moderne et que les critères d'aujourd'hui pour trouver un mari n'ont pas beaucoup changé. On le préfère riche (c'est souvent le premier critère), jouissant d'une bonne réputation, aimant s'amuser et danser en boite dans les bals et plaisant à papa-maman.

Toutefois, je dois avouer que je trouve ce thème quelque peu réducteur, notamment d'un point vue féminin. On a l'impression que le seul but dans la vie de ces femmes est de trouver un mari pouvant leur offrir une situation confortable. Une fois leur objectif atteint, il ne leur reste plus qu'à jouer les maîtresses de maison modèles et chercher à marier à leur tour les enfants.

En toute honnêteté, mon seul but dans la vie n'est pas de marier, de tenir mon foyer et de faire des enfants. Le sens de ma vie passe aussi par mon épanouissement personnel, mais peut être suis-je trop féministe pour l'Angleterre du 19ème siècle et que je me ferais fouetter en place publique pour tenir de tels propos.

Seule la personnalité d'Elisabeth ressort un peu de ce rôle pré-établi que l'on donnait aux femmes. Elle essaye de s'affranchir des conventions et cherche d'abord à être heureuse pour elle, et non plaire à tout prix à un mari.

orgueil_prejuges_vf_WT_Poster.jpgDans son roman, Jane Austen présente aux lecteurstrices toute une galerie de personnages, parfois un peu loufoques (spéciale kass-dédi au cousin Collins). Tout cela pour attirer notre attention sur les relations en société. Là encore, Jane Austen est intemporelle.

En effet, l'hypocrisie et la jalousie qui régnaient entre les femmes de l'époque est toujours d'actualité. Aussi, quand on lit que la sœur de Mr Bingley a tout fait pour éloigner Jane de celui-ci, et Elisabeth de Mr Darcy (dans le seul but de se le garder), c'est un comportement que l'on peut tout à fait retrouver aujourd’hui.

En somme, même si l'oeuvre de Jane Austen date de quelques siècles, elle reste à mon sens résolument moderne (à moins que ce ne soit l'homme qui ne change pas). Le style d'écriture, toutefois est d'époque, et malgré quelques petites difficultés au début, je me suis plutôt habituée à l'écriture classique que j'avais délaissée ces derniers temps.

Orgueil et préjugés m'a fait passer un moment de lecture tout à fait plaisant et charmant (pour parler comme l'auteur) mais ne m'a pas transcendé pour autant (et là, je sens que je vais me faire des ennemies vu que tous les articles que j'ai lu et qui l'élisent « coup de cœur de l'année » ou autre « livre préféré »).

Je lui préfère notamment Jane Eyre où j'ai trouvé la relation entre les deux personnages beaucoup plus sincère alors que j'ai eu l'impression que la relation entre Elisabeth et Mr Darcy était un peu plus intéressée..

Quoi qu'il en soit, je pense que ce ne sera pas mon dernier Jane Austen : ne restons pas sur un préjugé..

 

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Et pour finir, une petite citation : « L'orgueil, observa Mary qui se piquait de psychologie, est, je crois, un sentiment très répandu. La nature nous y porte et bien peu parmi nous échappent à cette complaisance que l'on nourrit pour soi-même à cause de telles ou telles qualités souvent imaginaires. La vanité et l'orgueil sont choses différentes, bien qu'on emploie souvent ces deux mots l'un pour l'autre ; on peut être orgueilleux sans être vaniteux. L'orgueil se rapporte plus à l'opinion que nous avons de nous-mêmes, la vanité à celle que nous voudrions que les autres aient de nous ».


 

La version bollywood d'orgueil et préjugés (que j'adore et que personne ne cite) :

 

 


 


 

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Nina Simone, roman de Gilles Leroy

Publié le par mademoisellechristelle

nina-simone.jpgL'histoire : Très tot, la petite Eunice Kathleen Waymon possèda des dons exceptionnels pour le piano. Ses parents lui imposèrent alors une discipline quasi militaire et l'obligèrent à se perfectionner chaque jour en prenant des cours auprès de professeurs particuliers. Grâce à la générosité de son entourage, elle put également fréquenter les écoles spécialisées.

Bach, Chopin et Debussy étaient ses mentors et Eunice n'avait alors qu'une chose en tête : devenir la première pianiste classique noire.

Le destin (ou la ségrégation) en décidera pourtant autrement, puisqu'Eunice sera recalée à l'examen d'entrée du prestigieux Curtis Institute. Que faire alors ? Sa déception est immense, toutes ses années de travail et d'acharnement ont été réduits à néant..

Eunice Kathleen Waymon va alors devenir Nina Simone..

Ce que j'en pense : véritable déesse de la musique noire américaine, Nina Simone a connu un succès fulgurant qui l'a propulsée aux sommets des charts internationaux. Son histoire, sa vie, sont à eux seuls un roman, que Gilles Leroy réécrit pour nous. 

Nina Simone-copie-1Le lecteur fait connaissance avec une Nina Simone en fin de carrière et en fin de vie. On verrait presque se mouvoir devant nous et avec difficulté, une femme épuisée par la vie, trahie par les siens, victime de ses abus d'alcool et de drogue, et rongée par la maladie.

Dans le roman de Gilles Leroy, Nina s'adresse au lecteur en se confiant à son domestique Ricardo. Elle revient sur son enfance, ses années de jeune femme mariée, sa carrière ou encore les circonstances et les personnes qui engendreront sa déchéance.

Entrer dans l'intimité d'une diva n'est pas donné à tout le monde.. Et c'est presque un fantasme, que Gilles Leroy réalise pour nous. Les divas fascinent et suscitent l'admiration, mais savons-nous réellement à quel prix ?

Je n'avais pas connaissance de la personnalité de Nina Simone auparavant, mais Gilles Leroy la décrit telle que je l'imaginais: une femme forte, volcanique, intelligente, envoûtante, mais surtout, une femme immensément seule..

Seule car elle s'est perdue sur le chemin de la starification.

Eunice, c'était mon vrai nom. Maintenant je l’ai oublié. Cinquante années passées dans la peau de Nina Simone m’ont fait oublier mon nom. Et c’est une drôle de chose, à la fin, que de devoir porter un nom qui n’a jamais été le sien. Pour vivre un destin qui n’était pas le sien.

Seule car elle manquait terriblement d'affection de la part de son entourage.

Le soir, mon public me donnait l'illusion qu'on m'attendait quelque part. J'avais des attaches, en ce monde, des raisons de vivre. De retour à l'hôtel, toute la nuit je tournais en rond, saisie d'angoisses qui m'enfonçaient un poing dans le ventre, me faisaient suffoquer, supplier, et toute la nuit la musique prenait possession de mon cerveau.

Nina+SimoneMême si sa biographie est romancée, Nina Simone est un personnage terriblement attachant car la diva nous apparaît à nous, pauvres mortels, comme un être humain, avec ses failles et ses faiblesses. On la lit telle qu'elle est..

L'écriture de Gilles Leroy se fait nostalgique, intime et délicate afin de rendre un très bel hommage à la diva. Seul bémol : l'histoire est parfois confuse car Nina revient sur sa vie passée de manière un peu désordonnée et l'on a du mal à suivre la chronologie des évènements.

Mais cela n'enlève rien à la qualité de ce roman (et non biographie) que j'ai eu du mal à refermer pour la dernière tant je l'ai aimé. Ne me quitte pas, Nina..

 

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Et pour finir, une petite citation : "C'est le public blanc qui a fait le succès mondial de My Baby Just Cares for me... C'est la publicité Chanel. Trois milliards de disques vendus. Crois-moi, ce ne sont pas les gamins des ghettos qui achetaient ça. Et finalement, sur les millions de royalties que me doit Melvin Records, je toucherai à peine cent mille dollars. Alors oui, quand tu réalises que ça fait quarante ans qu'on te baise ainsi, il t'arrive de voir rouge, de sortir ton gun et de vouloir saigner à ton tour ceux qui te saignent depuis toujours. Soit dit en passant, et pour revenir à des choses plus futiles, j'attends toujours que Chanel m'envoie un flacon de N°5. Ce serait chic de leur part".

 

 


 

 

 

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Amok de Stefan Zweig

Publié le par mademoisellechristelle

 

AmokL'histoire : les éditions du livre de poche ont choisi de rassembler dans un même ouvrage trois nouvelles de Stefan Zweig : Amok, Lettre d'une inconnue et La ruelle au clair de lune.

L'Amok est un terme malais désignant un fou sanguinaire courant dans tous les sens et zigouillant tout et tout le monde sur son passage. Mais, me direz-vous, pourquoi intituler sa nouvelle ainsi ?

Le narrateur se retrouve sur un bateau, à raconter sa propre histoire à un inconnu. Ce narrateur, c'est un médecin ayant vécu en Malaisie (quoi, comment ça, vous l'avez deviné ?) et qui est tombé fou amoureux (c'est le cas de le dire) d'une anglaise lui ayant demandé d'avorter.

L'attitude de défi et hautaine de cette jeune femme réveillera les pulsions animales les plus enfouies chez le médecin. Néanmoins, il refuse d'accéder à sa demande tout en sachant pertinemment qu'il la renvoie vers des pratiques plus obscures. Il deviendra alors complètement obsédé par la jeune anglaise et quittera tout pour tenter de la retrouver afin de la posséder. La comparaison est faite avec l'Amok.

« Lettre d'une inconnue » est une nouvelle rédigée sous la forme d'une lettre (non, sans blague !) écrite par une inconnue (on progresse dans la déduction) à un écrivain (connu, mais qu'on ne connaît pas, vous me suivez là ?).

A travers cette lettre plus qu'enflammée, cette inconnue va avouer son amour inconditionnel qu'elle voue à cet homme depuis l'enfance jusqu'à son dernier jour. Elle racontera son coup de foudre immédiat lorsqu'elle l'apperçut pour la première fois, vivant dans la maison voisine à la sienne quand elle était petite ; les heures passées à veiller près de sa porte, à l'écoute du moindre bruit ; son bouleversement lorsque sa mère l'a obligée à déménager et son retour quand elle fut en âge de travailler, pour se rapprocher de lui. Puis, elle avouera comment elle l'a espionné pendant des heures, cachée en bas de chez lui, espérant un petit signe à la fenêtre.

Notre jeune inconnue a pu rencontrer son amour à deux reprises.. mais qui furent sitôt oubliées par l'intéressé, qui ne se rappelle même plus de son existence. Alors, au travers de cette lettre, la jeune inconnue choisit de tout lui avouer et de dévoiler son cœur brisé..

Quant à la troisième nouvelle, « La ruelle au clair de lune », je m'en rapporte à la partie suivante..

 

femme-lettre.jpgCe que j'en ai pensé : de toutes les nouvelles que j'ai lues de Stefan Zweig, je dois avouer que ces trois là sont loin d'être les meilleures.. Pour plus de clarté dans mon exposé, je vous propose de reprendre chacune de ces nouvelles une par une..

On ouvre le bal avec « Amok ». Dans cette nouvelle, Stefan Zweig renoue avec le thème prédominant ses nouvelles : la folie. Comme dans « Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme », le lecteur est amené à se demander jusqu'où un homme pourrait aller pour suivre sa passion, passion amoureuse en l'occurence.

Comment une situation ordinaire (une jeune femme qui vient consulter un médecin) peut dégénérer en une passion dévorante et dévastatrice qui va conduire un homme qui semble saint d'esprit, à perdre tout sens commun uniquement pour suivre ses pulsions ? C'est précisément la question abordée par Stefan Zweig.

Comme dans « Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme », la nouvelle nous est racontée par un narrateur extérieur.

Toutefois, même si l'écriture de Zweig reste magnifique, je dois dire que je n'ai pas totalement accroché à cette nouvelle. Pourquoi, je ne me l'explique pas ; sans doute un sentiment de déjà vu par rapport à « Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme ».

Pour évoquer la « lettre d'une inconnue », je vais citer l'un de mes amis qui m'a dit un jour : « l'amour ne se fantasme pas, il se vit ». Cette phrase a parfaitement trouvé échos à mes oreilles lors de la lecture de cette deuxième nouvelle.

En effet, depuis le début de cette fameuse lettre, je n'ai eu qu'une envie : secouer cette jeune fille et lui faire comprendre que l'homme qu'elle aime n'est qu'un c.........pas celui qu'elle croit. Cette jeune femme est complètement obsédée et gâche sa vie pour un homme qui ne la voit pas et pire même, l'oublie après avoir couché avec elle.

Elle aussi perd tout sens commun et fait tout pour se retrouver près de cet homme, qu'elle n'hésitera pas à espionner de jour comme de nuit. En réalité, la jeune inconnue ne connaît absolument pas cet homme qu'elle fantasme complètement. Elle ne vit pas son amour, elle le fantasme ! Forcément, la déception ne peut qu'être au bout du chemin.

A ce stade de la lecture, je dois dire que je suis passablement agacée par le comportement de la jeune inconnue. Du coup, je n'arrive pas à me concentrer et me détache complètement de la troisième nouvelle, « ruelle au clair de lune », dont je ne vois pas l'intérêt.

Au final, même si je suis quelque peu déçue par ces trois nouvelles, je ne compte pas rester sur un échec et poursuivre mes lectures « zweigiennes » !

 

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Et pour finir, une petite citation : « Je veux te révéler toute ma vie, cette vie qui véritablement n'a commencé que du jour où je t'ai connu. Auparavant, ce n'était qu'une chose trouble et confuse, dans laquelle mon souvenir ne se replongeait jamais; c'était comme une cave où la poussière et les toiles d'araignée recouvraient des objets et des êtres aux vagues contours, et dont mon coeur ne sait plus rien ».

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Mille jours en Toscane de Marlena de Blasi

Publié le par mademoisellechristelle

mille jours en toscaneL'histoire : « Mille jours en Toscane » est la suite du livre « Mille jours à Venise » dans lequel Marlena, chef de cuisine, journaliste et écrivain, racontait comment elle avait tout plaqué pour rejoindre Fernando, qu'elle a épousé à Venise.

Dans ce nouvel opus, Fernando a quitté son travail à la banque, se sentant prisonnier d'un système qu'il ne reconnaît plus. Lui et Marlena décident donc de vendre leur appartement pour louer une petite maison de caractère située dans un tout petit (mais merveilleux) village toscan, San Casciano

Malgré une petite appréhension au départ, Marlena et son mari coulent des jours paisibles et heureux en Toscane où ils mènent une vie faite de plaisirs très simples : on mange, on boit, on part à la cueillette aux champignons, on s'entraide entre voisins.. en somme, on vit..


Ce que j'en pense : je souhaitais tout d'abord remercier Babelio et les éditions Folio pour m'avoir offert ce livre dans le cadre de l'opération masse critique. En effet, dès que j'ai vu le mot « Toscane », j'ai immédiatement tenté ma chance.. et j'ai gagné !

S'il y a bien une chose que l'on peut retenir de ce livre c'est : vivons heureux, vivons simplement !

Dans « Mille jours en Toscane », Marlena de Blasi décrit son quotidien dans le village de San Casciano, où elle vient de s'installer avec son mari Fernando afin de recommencer une nouvelle vie. Elle y raconte également les différentes rencontres qu'elle y fait.

Ses journées sont sans grands rebondissements certes, mais ponctuées de petits bonheurs simples, qui suffisent à la rendre heureuse.

Elle nous fait part également de ses sentiments, ses peurs en arrivant dans un nouvel endroit, ses doutes quant au projet qu'elle a développé avec son mari et sa sincère sympathie pour les habitants du village..

beignets-de-fleurs-de-courgettes-et-aubergines-82032.jpgMais surtout, Marlena fait découvrir à son lecteur les spécialités culinaires locales (rappelons qu'à l'origine, elle est chef) et.. nous en donne la recette ! Et ça, c'est vraiment appréciable !

En effet, lorsqu'on lit ses impressions sur la cuisine toscane et les saveurs qui s'en dégagent, on a carrément l'eau à la bouche et qu'une envie : découvrir ces plats à notre tour ! Et je vous le dis chers lecteurs.. ce livre donne faim !!! Aussi, le fait d'inclure les recettes directement dans le livre rend le rêve gustatif toscan beaucoup plus accessible.

Le goût n'est pas le seul sens mis en exergue par le roman. On sent un réel amour et un profond attachement de l'auteur dans la description de son environnement et de la population locale ; à tel point que lorsque je lis Marlena de Blasi, j'ai l'impression d'être à mon tour sur place, en Toscane. Il me suffit juste de fermer les yeux et d'imaginer les collines verdoyantes à perte de vue, les rangées d'oliviers, ou de déguster un vin italien tout en sentant les bonnes odeurs qui se dégagent des cuisines des « nonna » italiennes.

J'ai eu la chance de visiter le village dont il est question dans le roman : San Casciano. Et je peux vous dire que les descriptions y sont fidèles, que les toscans sont réellement attachants et que la cuisine locale y est divine. Je ne peux donc que partager l'enthousiasme de l'auteur pour cette région dont je suis moi aussi tombée amoureuse (oui, bon d'accord, à cause d'un homme aussi).

Pour finir, je dirais que le roman de Marlena de Blasi n'est peut être pas le roman du siècle avec suspens extraordinaire mais il a mérite d'être apaisant et nous fait voir la vie autrement et simplement. Le bonheur est à notre porte, il suffit de regarder autour de soi pour en cueillir les fruits.

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Et pour finir, une petite citation : « Je commencerai par dire que c'est difficile de parler de ce que les Toscans boivent sans mentionner d'abord ce qu'ils mangent. Disons que la journée d'un Toscan se déroule de la manière suivante : quand il se lève, il prend un caffè ristretto con grappa, un petit café très serré sur lequel il fait le signe de la croix avec un jet de grappa, ce qui remplace la prière du matin. Du laid chaud, du pain ou un cornet à la confiture, voilà de quoi rompre le jeûne de la nuit. Vers neuf heures, au bout de trois heures de travail dans les champs, il boit un verre de vin rouge pour se donner du cœur à l'ouvrage, qu'il accompagne d'un sandwich à la mortadelle. Ensuite, un espresso. Vers midi, un apéritif léger, genre Campiri soda ou prosecco. A une heure, il s'attable avec un litre de rouge à portée de main et prend un bon déjeuner, le repas le plus long de la journée, mais pas forcément très lourd : des crostini, pour commencer, ou du salami, ou du melon, des figues, du fenouil braisé, ou des aubergines. Après, une soupe épaisse ou des haricots à la sauge. Puis un ragoût de lapin aux olives ou du veau ou aux artichauts, pommes de terre sautées, haricots verts à l'ail ou épinards. Pour finir, une grappina, en fait un grand verre de grappa qui fera office de digestif avant la sacro-sainte sieste. »

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Nos étoiles contraires de John Green

Publié le par mademoisellechristelle

nos étoiles contraires

L'histoire : Hazel Grace Lancaster est une jeune fille de dix sept ans atteinte d'un cancer de la thyroïde, dont elle sait qu'elle ne guérira jamais. Sa maladie l'oblige à transporter en permanence une bonbonne d'oxygène sur laquelle sont branchés ses poumons et qui l'aide à respirer.

En attendant sa mort, Hazel passe ses journées à regarder des émissions débiles à la télé et à lire dans sa chambre dans laquelle elle préfère rester seule et évite tout contact avec l'extérieur. En effet, Hazel a peur de s'attacher ou que l'on s'attache à elle, car elle se définit comme une « grenade » à retardement.

« Je suis une grenade, ai-je répété. Je ne veux pas voir de gens. Je veux lire des livres, réfléchir et être avec vous, parce que vous, je ne peux pas faire autrement que de vous faire du mal, vous êtes déjà dedans jusqu'au cou. Alors laissez-moi faire ce que je veux. Je ne fais pas une dépression. Je n'ai pas besoin de sortir. Et je ne peux pas être une ado normale parce que je suis une grenade ».

Toutefois, pour ne pas couper totalement le contact avec les autres, sa mère l'oblige à fréquenter un groupe de soutient pour les enfants malades.

C'est au cours d'une séance de groupe qu'elle va rencontrer d'Augutus Waters, un garçon de seize ans en cours de rémission. Entre les deux adolescents, quelque chose se passe immédiatement, dès le premier regard.

Et c'est ainsi que naquit l'une des plus belles et les plus extraordinaires histoire d'amour de la littérature.. Une histoire qui mènera nos deux personnages à réaliser un projet un peu fou, mais qui se révèlera une belle aventure humaine au final.

 

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Ce que j'en pense : eh bien, je dois avouer que c'est la première fois que j'ai pleuré autant pour un livre (mes yeux étaient mouillés dès la page 40).

Il m'est d'ailleurs très difficile d'écrire quelque chose après avoir lu un tel roman, tant sa lecture fut intense. De plus, condenser en un billet toutes les émotions qui se dégagent du roman de John Green et tout ce que j'ai pu ressentir en tant que lectrice n'est pas facile. En effet, quoi que j'écrive, j'ai toujours l'impression que mon billet ne lui rend pas assez hommage.

De plus, de nombreux billets ont été rédigés et il n'est pas facile d'être originale et de ne pas répéter ce qui n'a pas déjà été écrit.. Mais bon.. voici tout de même mon humble avis (qui sera sans doute perdu dans la masse).

Vous l'aurez sans doute compris, « Nos étoiles contraires » fut une lecture vraiment très forte, parfois difficile, mais qui vous montre la vie sous un autre aspect, en l'occurence, celui d'une mourante.

Cela faisait quelques mois que je voyais mes camarades de la blogosphère s'extasier devant le roman de John Green, en hurlant au génie. J'avais donc très envie de découvrir moi aussi ce fameux livre. L'histoire ? Deux adolescents atteints d'un cancer qui tombent amoureux l'un de l'autre. Humm.. assez morose, mais bon, essayons tout de même.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je ne suis pas déçue..

La première chose qui interpelle le lecteur en ouvrant le livre, c'est le ton employé par l'auteur. En effet, dès les premières pages, les mots « jeune » (16/17 ans), « cancer » et « mort » sont associés sans détour et sans jamais employer aucune métaphore. Le lecteur est donc immédiatement mis dans le bain..

« L'année de mes dix sept-ans, vers la fin de l'hiver, ma mère a décrété que je faisais une dépression. Tout ça parce que je ne sortais quasiment pas de la maison, que je traînais au lit à longueur de journée, que je relisais le même livre en boucle, que je sautais des repas et que je passais le plus clair de mon immense temps libre à penser à la mort ».

Le style est franchement direct, percutant, assez familier (il vise les adolescents), mais surtout, l'auteur fait tomber les barrières, évoque directement certains sujets comme la mort, considérée pourtant comme un tabou de nos jours ; le tout, sans jamais susciter la pitié du lecteur.

Et c'est vrai. Je n'ai jamais eu pitié des deux personnages principaux, Hazel et Augutus, ni eu envie de les protéger de la mort. Bien au contraire, je n'ai pu qu'admirer leur maturité et leur force qui donnent au récit tout son caractère réaliste. Et c'est grâce à son réalisme, à mon sens, que la majorité des critiques affirment que John Green a évité le piège du « pathos » en racontant l'histoire de deux adolescents sur le point de mourir, car ce sont deux adolescents qui gardent les pieds sur terre.

Certes, on pleure en lisant « nos étoiles contraires » mais on ne peut que trouver, assez paradoxalement, l'histoire incroyablement positive.

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« Nos étoiles contraires » retrace l'histoire de deux adolescents qui vont vivre une véritable passion l'un pour l'autre, passion qui les conduira jusqu'au bout du monde. L'aventure qu'ils vivront tous les deux va au delà du simple projet mené dans le cadre d'une association pour enfant malade, c'est un partage, une expérience très forte vécue en couple autour d'une passion commune : la littérature.

Cela nous montre à quel point être en phase avec l'être aimé tant sur le plan physique que spirituel est fondamental pour qu'une simple passion se transforme en une véritable histoire d'amour.

L'issue du roman ne fait aucun doute dès les premières pages et on sent tout de suite qu'un personnage ne survivra pas. La mort est une fin plutôt classique pour une histoire d'amour, mais le talent de l'auteur fait qu'on est véritablement happé, comme pris au piège par la romance sans même s'en rendre compte. L'auteur évite ainsi le cliché de l'histoire d'amour dramatique parfumée à la vanille et à l'eau de rose, et ce, pour le plus grand bonheur de la lectrice que je suis.

Les deux personnages principaux sont tout simplement extraordinaires. Ils ont un sens de la répartie inégalable (certaines répliques m'ont valu des fous rires toute seule dans le bus), une bonne grosse dose d'humour (tantôt cynique, tantôt noir) mais ils ont également beaucoup de recul par rapport à leur maladie et sont d'un réalisme parfois déconcertant pour nous autres adultes en bonne santé.

« - Il n’est pas aussi intelligent que ça, ai-je dit à Julie.
- Hazel a raison. C’est juste que la plupart des mecs canon sont stupides. Par conséquent, je me situe au-delà des espérances.
- Oui, il est avant tout sexy, ai-je déclaré.
- C’en est parfois aveuglant, a-t-il renchéri.
- D’ailleurs, Isaac, un de nos copains, est devenu aveugle à cause de ça.
- Quelle tragédie ! Mais comment puis-je m’empêcher d’être mortellement beau ?
- Tu ne peux pas.
- Ah, c’est un fardeau d’avoir un visage sublime.
- Sans parler de ton corps.
- Ne me lancez pas sur le sujet de mon corps parfait. Il faut éviter de me voir nu, Dave. Hazel Grace m’a vu nu et ça lui a coupé le souffle, a-t-il dit avec un petit signe de tête en direction de ma bonbonne d’oxygène ».

La passion et le dévouement d'Augustus pour Hazel ont bien évidemment fait battre le petit cœur de la midinette que je suis. Augutus aimera passionnément sa belle jusqu'au bout et lui offrira un cadeau à la mesure de sa passion qui m'a touché en plein cœur (aie, ça fait mal). L'auteur nous montre ainsi un personnage généreux, exubérant, romantique, infiniment drôle, parfois cynique mais tellement réel.

Hazel, quant à elle, bien qu'enfermée dans son carcan de protection, finit petit à petit par se libérer de ses propres démons et le lecteur ne peut être que ravi et enjoué d'assister à la métamorphose d'une petite chenille en un joli papillon épanoui.

Et dire que ces deux là ne sont même pas majeurs.. Il y a vraiment de quoi réfléchir sur la façon dont nous gérons notre propre existence et la place que nous accordons aux valeur profondes de la vie.. Ces deux là sont à prendre en modèle.

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Hazel et Augustus ont pleinement conscience de leur humanité puisqu'ils savent qu'ils ne survivront pas à la maladie et que leur mort n'est qu'une question de temps ; alors que nous mêmes, avons de la peine à réaliser que nous mourrons tous un jour, peu importe qui nous sommes : homme ou femme, riche ou pauvre, beau ou laid puisque nous préférons éviter le sujet, faisant de la mort (et même la dignité dans la mort) un sujet tabou de notre société.

La lecture de ce roman peut être parfois difficile car on est souvent mal à l'aise par rapport à la maladie des enfants, qui viennent à peine de commencer leur vie. Et puis, mis à part les reportages dans les hôpitaux avec gros plans sur les petits-enfants malades, on ne parle jamais sérieusement de la maladie chez les jeunes. On est donc peu habitué à ce que quelqu'un évoque directement le sujet, sans passer par la case « aies pitié de moi ».

Finalement, entre rires et larmes, j'ai passé un excellent moment à lire dévorer le roman de John Green qui est selon moi un véritable petit bijou et que je ne peux que vous encourager à lire. Vous verrez, il vous redonnera envie de sourire à la vie !

 

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Et pour finir, une petite citation : « Sans souffrance, comment connaître la joie ? » Un point de vue que j'avais toujours trouvé d'une stupidité et d'un manque de finesse inouïs. Pour le démontrer, il suffisait de dire que, même si le brocoli existait, ça n'empêchait pas le chocolat d'être bon. »


 


 

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L'enfer commence avec elle de John O'Hara

Publié le par mademoisellechristelle

l'enfer commece avec elleL'histoire : New-York dans les années 1930. Weston Liggett, marié et père de famille, rencontre la sulfureuse Gloria Wandrous, avec qui il aura une aventure d'un soir.

Il deviendra alors obsédé par sa maîtresse pour qui il voudra quitter femme et enfant et la traquera dans tous les bars de la ville afin de la convaincre de s'enfuir avec lui.

Ce que j'en pense : Un livre de 315 pages.. avec une histoire que l'on peut résumer en une seule phrase.. c'est dommage..

On peut lire sur la quatrième de couverture que John O'Hara est considéré par la critique comme le « Balzac » américain. J'étais donc très curieuse de lire ce que pouvait donner une telle plume, d'autant plus que l'un des sujets du livre est l'un de mes sujets de prédilection : les relations hommes-femmes, avec cette fois-ci une option garce-qui-s'assume.

Eh bien, je dois dire que je suis assez déçue dans l'ensemble..

Tout d'abord, force est de constater que le début du livre est vraiment trop brouillon. En effet, de nombreux personnages nous sont tous présentés en même temps et on a du mal à comprendre qui couche avec qui fait quoi avec qui. De plus, certains personnages ne sont d'aucune utilité pour la suite du roman, et il est fort dommage de s'appesantir sur eux si longtemps.

Or, les deux personnages principaux du roman sont Gloria et Weston, les autres personnages étant censés graviter autour d'eux. Mais ce n'est pas du tout le cas dans le roman de John O'Hara et la multiplicité des personnages rend la lecture beaucoup plus complexe qu'il ne le faudrait.

nye_1930.jpgL'histoire se déroule dans le New-York des années 1930 soit en plein pendant le krach boursier et en pleine prohibition. Néanmoins, aucun des personnages ne semble s'en préoccuper et tous vivent dans une espèce d'insouciance et de naïveté, qui fait que l'on oublierait presque la période pendant laquelle les personnages vivaient.

D'ailleurs, on pourrait presque comparer cette époque à la notre, puisque nous connaissons nous aussi une crise sans précédent, mais, comme dans le roman de John O'Hara, le plus important, c'est de sortir dans les endroits à la mode, bien s'habiller et claquer tout son pognon dans des futilités ou dans des produits de luxe.

On sent également la volonté de l'auteur de nous faire comprendre que les années 1930 aux Etats-Unis étaient une période de véritable débauche : tout le monde couche avec tout le monde, les maris trompent tous leurs femmes et les gens ne s'abreuvent que de boissons alcoolisées.. Bref, l'auteur nous livre une forte critique de la société bourgeoise américaine de l'époque, vivant dans une sorte de déni des réalités et ne se préoccupant que de choses futiles.

Si le roman s'intitule « l'enfer commence avec elle », c'est parce que l'enfer, c'est Gloria.

la-venus-au-vison.jpgGloria est une femme d'une vingtaine d'années à la sexualité plus que libérée et qui s'assume tout à fait comme telle. Elle se définit d'ailleurs elle même comme une « salope » parce qu'elle « sait ce qui est bien et mal, mais le mal la tente toujours ». En plus d'être volage, c'est une femme extrêmement capricieuse, irresponsable, et qui n'obéit qu'à ses seules pulsions et ses désirs.

Gloria collectionne les amants et parmi eux, il y a Weston Liggett.

Weston est un homme plutôt lâche et égoïste (un homme, quoi) et qui a tendance à faire passer ses désirs avant ceux des autres, et notamment ceux de sa femme et de ses deux filles, voire même ceux de sa maîtresse Gloria, qu'il tente de convaincre de le suivre, nonobstant ses propres désirs qu'il ne prendra jamais le temps de découvrir.

Gloria entretiendra des relations ambiguës avec les hommes qui l'entourent, ce qui tient sans doute à son passé, que je ne peux dévoiler ici sans dévoiler le roman. D'ailleurs, je ne peux que regretter le fait que l'auteur n'ait pas pris le temps d'approfondir les rapports entre Gloria et les hommes (et notamment sa liaison avec Weston, qui ne prend pas beaucoup de place, alors que c'est l'histoire principale du roman) car je pense que cela aurait donné une tournure vraiment intéressante au roman.

La-VENUs-AU-VISON.jpgAu final, que penser de « l'enfer commence avec elle » ? Ce sera un espoir déçu pour ma part car je m'attendais à une très belle plume nous contant une histoire dans laquelle je serai complètement happée et qui m'apprendrait des choses sur les relations hommes-femmes, option garce délurée, une histoire d'amour passionnelle, fusionnelle, intense, un amour impossible.. Mais que nénni.. Je n'ai rien eu de tout cela..

A la place, je n'ai pu lire qu'un blabla sans fin (l'histoire doit commencer à peu près à la page 200) et de longues descriptions, le tout sans vraiment beaucoup de suspens. Ne lisez donc pas "l'enfer commence avec elle" simplement pour l'histoire, mais pour la toile de fond du livre à savoir la critique de la société bourgeoise américaine de l'époque.

Sans doute l'histoire d'amour entre Gloria et Weston n'aura été qu'un prétexte pour l'auteur..

Pour info, le roman de John O'Hara a été adapté au cinéma en 1960, sous le titre La Vénus au vison, avec Elizabeth Taylor dans le rôle principal.


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Et pour finir, une petite citation : « Depuis que je la connais, ma vie n'est que mensonge. Que le diable l'emporte. Je suis une homme bien. Je suis un homme mauvais, pire que mauvais, mais elle est encore pire que moi. Elle est vraiment mauvaise, elle est mauvaise, elle est le mal. Pas seulement le mal, le Mal avec un grand M. Tout ce que j'ai fait de mal, c'est elle qui devrait en porter le poids sur la conscience, car elle m'a corrompu, je n'avais jamais pêché avant de la connaître. […] Cette fille est mauvaise, et l'enfer ne sera pas assez brûlant pour elle. »



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Le monde de Sophie de Jostein Gaarder

Publié le par mademoisellechristelle

le-monde-de-sophieL’histoire : Sophie est une adolescente de quatorze ans qui mène une vie paisible jusqu'au jour où elle trouve dans sa boite aux lettres une enveloppe contenant le message suivant : « qui es-tu ? »

Quelle question idiote ! Comme si elle ne savait pas qu'elle était Sophie Amunsden ! Mais qui était cette Sophie en définitive ? Elle ne savait pas trop au juste.

Sophie examine l'enveloppe : aucune trace de l'expéditeur. Quelques heures plus tard, elle trouve une seconde enveloppe dans sa boite aux lettres contenant cette fois un nouveau message : « d'où vient le monde ? »

Je n'en ai pas la moindre idée, pensa Sophie. Personne ne peut savoir ce genre de choses ! Cependant, la question méritait d'être posée. Pour la première fois de sa vie, elle jugea qu'on ne pouvait quand même pas vivre sans s'interroger sur ses origines.

S'en suivra une drôle de correspondance entre Sophie et le mystérieux auteur de ces lettres qui lui dispensera un cours sur les origines et l'histoire de la philosophie à travers les siècles. Sophie va donc faire la connaissance des grandes figures de la philosophie de Socrate à Sartre en passant par Kant, Darwin ou encore Descartes.

Ainsi, ces cours permettront à Sophie de résoudre les mystères qui entourent son nouveau professeur de philosophie, qui ne sera d'ailleurs pas le seul à lui envoyer de mystérieux courriers. En effet, Sophie va recevoir des cartes postales destinées à une certaine Hilde, rédigées par le père de cette dernière et qui lui sont envoyées à son adresse personnelle. Mais alors, qui est cette Hilde ?

 

Ce que j’en pense : il y a des lectures qui ne vous laissent pas indifférents et vous marqueront pendant longtemps ; ce livre en fait désormais partie..

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, ouvrez votre manuel de philosophie à la page 24.. Comme certains d'entre vous, je dois avouer que je n'ai jamais été vraiment très emballée par les cours de philosophie dispensés au lycée (mais si, avouez, vous dormiez dans le fond de la classe !).

Je souffrais par conséquent de grandes lacunes en la matière. Aussi, j'ai été ravie d'apprendre qu'un livre pouvait combler mes manques.

platon-socrate.jpg« Le monde de Sophie » est un livre rédigé pour des adolescents (il se lit donc très facilement pour un adulte) et a vocation à faire découvrir la philosophie à ses lecteurs en retraçant ses origines, et en présentant ses grands auteurs et leurs théories, le tout de manière très pédagogique.

Et à la lecture de ce livre, un miracle se produit..

En effet, l'auteur réussit avec brio à « vulgariser » la philosophie et à rendre toutes ses théories accessibles à tous. Et pour cela, il mérite tout mon respect.

Les cours sont clairs et les notions présentées sont facilement compréhensibles ; de plus, le professeur de Sophie illustre souvent ses propos au moyen d'exemples modernes, ce qui rend son cours beaucoup plus ludique et nous permet facilement d'assimiler certains concepts qui peuvent paraître opaques. Tout comme Sophie, le lecteur effectue un voyage initiatique dans le monde merveilleux de la philosophie (occidentale uniquement) de l'Antiquité à nos jours.

Et il en ressort transformé..

En effet, à mon sens, « le monde de Sophie » n'a pas pour unique vocation de faire la liste des grands philosophes et leurs théories. Je pense que l'auteur a voulu faire de nous aussi des philosophes en nous amenant tout au long du roman, et même après, à nous poser des questions sur le monde qui nous entoure. Or, s'interroger sans cesse et comprendre ces questions est le propre de la philosophie.

De plus, tout comme Sophie, il m'est également avis que l'auteur a cherché sciemment à développer chez son lecteur son sens critique et son esprit d'argumentation. Et là encore, un auteur qui cherche à développer nos capacités intellectuelles plutôt que nous abrutir mérite encore plus mon respect.

Il est d'ailleurs possible que l'auteur ait cherché à provoquer un (r)éveil des consciences afin que ses congénères puisse prendre conscience du monde qui les entouraient et les amène à réfléchir sur les vraies valeurs de l'existence au lieu de s'appesantir sur des futilités. Mais bon, tout ceci n'est que pure interprétation..

Ajoutez à cela un suspens haletant et permanent du début à la fin du livre, et vous obtiendrez un excellent ouvrage.

Toutefois, la méthode employée par l'auteur, Jostein Gaarder, trouve à mon sens ses limites dans les points suivants.

Sartre.jpgSi au début j’étais séduite par l’idée de « recevoir » les cours tout comme Sophie et d’apprendre en même temps qu’elle, je dois avouer que les « leçons » présentent parfois un caractère rébarbatif. En effet, le livre compte tout de même 618 pages en version poche et, arrivée à un certain stade, j'ai eu plus l’impression de lire un manuel de philosophie de terminale qu’un roman (à conseiller donc fortement à nos petits bacheliers), les cours ayant pris le pas sur l'intrigue.

De plus, il faut souvent revenir en arrière pour bien comprendre « la leçon du jour ». Comprenez, Monsieur Gaarder, qu'il est très difficile de lire d'une traite plus de 600 pages portant sur la philosophie, et que nous autres, lecteurs et prophanes, sommes parfois obligés de refermer votre bouquin, aussi bien écrit soit-il.

Aussi, pour comprendre le cours lors de la réouverture du livre, il est souvent indispensable de relire certains passages lus avant la fermeture sous peine de ne « rien comprendre » et de revivre l'angoisse des cours de terminale.

Par ailleurs, il faut quand même avouer que certains mouvements philosophiques sont beaucoup moins intéressants que d'autres (bon allez, je plaide coupable pour le délit de bâillements multi-récidivistes pendant le Moyen-Age) alors que d'autres, au contraire, ont nettement plus éveillé mon attention et j'aurais souhaité plus de développements.

Ainsi, le récit de Jostein Gaarder est un excellent condensé mais reste insuffisant pour connaître et maîtriser les notions qui y sont présentées.

Pour clore ce billet, je peux vous assurer que Sophie et son professeur de philosophie m'ont énormément marqué et m'accompagneront longtemps dans mes réflexions sur le monde et notamment sur la principale réfléxion du livre : quel est le sens de la vie ?

 

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Et pour finir, une petite citation : « Ce sont toujours ceux qui posent des questions qui sont les plus dangereux. Répondre, ce n'est pas si compromettant. Une seule question peut être plus explosive que mille réponses ».

 

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Lire un conte à la carte 3 de Jean-Claude Pertuzé

Publié le par mademoisellechristelle

lire-un-conte-a-la-carte-3.jpgTout d'abord, je souhaiterais remercier Babelio ainsi que les éditions ED pour nous permettre de profiter d'une sélection intéressantes d'ouvrages dans le cadre des masses critiques.

 

« Lire un conte à la carte » est un recueil de contes rédigés sous la forme de petites fiches cartonnées. Chaque fiche contient une illustration en couleur au recto et un passage du conte correspondant à l'image au verso.

 

Les fiches contiennent de très jolies illustrations, idéales pour capter l'attention des enfants et elles sont présentées de manière très claires : il est donc très plaisant pour le lecteur d'en faire la lecture.

 

Le troisième volet de la série « Lire à la carte » contient les contes suivants : Barbe-Bleue, Blanche-neige et Cendrillon.

 

Chaque conte est raconté avec des mots simples et le texte est largement accessible pour les enfants en bas âge. Un regret pourtant : on sent que les histoires ont été « raccourcies » pour les rendre plus faciles et accessibles et je les trouve parfois un peu trop courtes.

 

Du coup, la morale du conte n'est pas assez mise en avant ; or, la morale est l'objet même du conte pour enfants (ne pas désobéir à ses parents etc...). Concernant les trois contes proposés, la morale qui en ressort me paraît discutable, mais il s'agit là d'un autre débat..

 

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L'évangile selon Pilate d'Eric-Emmanuel Schmitt

Publié le par mademoisellechristelle

L-Evangile-selon-Pilate---Suivi-du-Journal-d-un-roman-voleL’histoire : Le roman d’EES est divisé en deux récits et se termine, comme plusieurs romans d’EES, par une sorte de journal de bord de l’écrivain.

 

Le premier récit est un prologue intitulé « Confession d’un condamné à mort le soir de son arrestation ». Il est rédigé à la première personne du singulier et retrace les trente premières années de Jésus-Christ. En effet, les textes sont quasi silencieux sur l’enfance et l’adolescence du Christ. EES se penche donc sur la question et choisit de romancer la vie de Jésus jusqu’à son arrestation. Mais surtout, EES va s'intéresser plus particulièrement au moment où Jésus va prendre conscience de qui il est réellement.

 

C’est ainsi que Yéchoua (tous les noms sont en araméens dans le livre), simple fils de charpentier et prédestiné à reprendre l’affaire familiale, sent dès son plus jeune âge qu’il « n’est pas fait pour le cours ordinaire de la vie ». S’il se prend pour une sorte de sage écoutant les malheurs des habitants de son village dans un premier temps, le cours de l’existence de Yéchoua va être bouleversé par les rencontres qu’il va faire. En effet, c’est Yohanân le Plongeur qui, le premier, le reconnaît comme l’élu de Dieu.

 

Refusant d’être le Messie annoncé par les textes, Yéchoua s’enfuit au désert pendant quarante jours au cours desquels il aura une révélation.

 

« Il y a en moi plus que moi. Il y a en moi un être qui n’est pas moi et qui cependant ne m’est pas étranger. Il y a en moi un fond qui me dépasse et me constitue, un tout inconnu d’où part toute connaissance, une immensité incompréhensible qui rend possible toute compréhension, une unité dont je dérive, un Père dont je suis le Fils ».

 

Puis, Yéchoua revient, renforcé. Il se met alors à guérir les malades, à accomplir des miracles et à prêcher la bonne parole. Rejeté par sa propre famille (Yéchoua a plusieurs frères et sœurs), douze hommes vont pourtant choisir de tout quitter pour le suivre sur les routes de Galilée.

 

Mais Yéchoua est avant tout un homme.. Et en tant qu’homme, il éprouve de la peur quant à sa destinée (car il sait qu’il doit passer par la mort) et il doute : est-ce vraiment lui le Messie ?

 

Le second récit, « l’évangile selon Pilate » est également rédigé à la première personne du singulier et sous la forme épistolaire. L’histoire se situe postérieurement à la mort de Yéchoua. On vient rapporter à Ponce Pilate que le corps de Yéchoua a disparu.

 

L’entourage de Yéchoua clame à tous vents qu’il est ressuscité. Pour Pilate, une résurrection est inconcevable. S’en suit alors une enquête policière tout à fait particulière menée par (Sherlock) Pilate en personne : qui a bien pu voler le corps de Yéchoua et dans quel but ?

 

PilateCe que j’en pense : Avouons-le, je suis une grande fan des livres d’Eric-Emmanuel Schmitt. Et en tant que fan, je me devais de lire « l’évangile selon Pilate ». Mais en tant que catholique, je dois vous confesser que je ressors assez troublée de la lecture de l’évangile revisité et romancé, même par l’un de mes auteurs préférés..

 

En effet, c’est un sujet épineux et bien délicat que l’histoire du catholicisme et auquel s’est attaqué EES. Il lui aura d’ailleurs fallu pas moins de dix ans de documentation et de recherches avant d’avoir pu achever l’écriture de « l’évangile selon Pilate ».

 

C’est la première partie qui m’a surtout intéressée et interpellée à la fois ; je regrette d’ailleurs que ce soit la plus courte. En effet, l’auteur a pris le parti de « romancer » la vie de Jésus et surtout, de le rendre humain, chose à laquelle je n’ai jamais songé.

 

Il est vrai que Jésus est un homme avant tout : c’est sa résurrection qui lui confère un caractère divin. Aussi, dans le récit d’EES, Jésus est appréhendé dans toute son humanité ; c’est un homme qui n’a pas choisi son destin et qui subit sa messianité, puisqu'il ne cesse de douter, même au moment de sa mort ("Mon Père, pourquoi m'as-tu abandonné ?"). La révélation de sa destinée ne se fera d’ailleurs que très tard. Avant cela, Jésus a vécu une enfance et une adolescence tout à fait normales : il jouait avec les autres enfants, se faisait des camarades parmi les villageois, travaillait très dur pour être charpentier comme son père..

 

En bref, dans la version d'EES, rien ne le prédestinait à devenir l'Elu.. 

 

Ce sont les doutes sur la messianité de Jésus qui ont particulièrement retenu mon attention. Ainsi, EES s'interroge sur le fait de savoir si Jésus savait dès le départ qu'il était le fils de Dieu ou s'il l'a découvert progressivement.

 

La religion ou les textes ne font jamais état de ses doutes qu'il aurait pu éprouver en sa qualité d'homme (sans doute pour nous vendre une version évidente et simplifiée à laquelle nous ne pouvons qu'adhérer). Ils ne  remettent jamais non plus en cause la qualité de Messie de Jésus ou les miracles et les guérisons qu’il aura accomplis. Certains diront d’ailleurs que croire sans preuve et sans se poser de questions constitue l’essence même de la foi.

 

Aussi, on ne se pose jamais la question de savoir si les guérisons ou les miracles étaient véritablement des manifestations divines ou si Jésus avait tout simplement quelques notions de médecine ou de chimie (pour changer l’eau en vin). 

 

Une telle vision rationnelle de l’histoire ne peut donc que me titiller un peu et c’est bien là tout le talent de l’auteur : arriver à nous faire remettre en question des choses que l’on pensait acquises. N'est-ce pas d'ailleurs le propre du philosophe que d'encourager les hommes à se poser des questions sur le monde qui l'entoure et à remettre en question les croyances populaires ? Il est vrai que philosophie et chrétienneté n'ont pas toujours fait bon ménage..

 

EES s'est également intéressé au cas de Judas dont la croyance populaire voudrait qu’il soit le traitre, parce que, finalement, il faut bien un méchant dans l’histoire. Mais l’histoire n’est peut-être pas si simple que cela..

 

la-cene.jpgEn effet, Judas a-t-il réellement trahi son maître ou a-t-il au contraire obéit à ses ordres ? La théorie de l’auteur voudrait que ce soit Jésus lui-même qui lui ait demandé de le vendre aux romains car il savait que son destin devait passer par la mort. De plus, Judas ayant été désigné par Jésus comme le trésorier du groupe, celui-ci avait libre accès à la bourse commune : pourquoi alors trahir Jésus pour quelques pièces d’or ?

 

Autant de questions rationnelles qui nous font nous interroger sur les fondements du christianisme et la manière dont ils nous été rapportés..

 

La seconde partie, plus importante, est présentée comme une sorte d’enquête policière ayant pour objet de retrouver le corps de Jésus. A travers cette enquête, deux sentiments vont s'opposer : la foi et la raison.

 

Les partisans de Jésus affirment que celui-ci est ressuscité et qu’il leur est apparu à plusieurs reprises après sa mort, ce qui confirmerait la messianité de Jésus. Pilate, au contraire, cherche à tout prix une explication rationnelle et logique à la disparition du corps de Jésus. Il va alors suivre plusieurs pistes afin d'élucider ce mystère : l’enlèvement du corps de Jésus de son tombeau, le fait que Jésus ne serait pas mort sur la croix, le sosie de Jésus qui se baladerait en se faisant passer pour lui..

 

Pilate est lui aussi appréhendé dans toute son humanité. Selon la croyance populaire, l’homme qui a condamné Jésus ne peut être lui aussi que le « méchant de l’histoire ». Et pourtant, c’est une toute autre facette de Pilate qui est démontrée dans le bouquin, notamment en compagnie de sa femme, Claudia. De plus, comme tout homme, Pilate sera lui aussi en proie au doute, jusqu'à ce qu'il se rende à l'évidence.

 

La troisième partie intitulée "journal d'un roman volé" est vraiment intéressante et nous permet de connaître "l'envers du décor".

 

La plume d'EES, quant à elle, est toujours aussi fluide et merveilleuse à lire et le lecteur ne fera qu'une (délicieuse) bouchée de ce petit roman.

 

La version romancée de l'évangile façon Eric-Emmanuel Schmitt n'est que pure supposition à laquelle chacun est libre d'adhérer ou non. Pour ma part, la rationnalité des thèses de l'auteur m'ont assez séduites (mais pas totalement convaincues sur certains points) car je comprends très bien le besoin de trouver un sens aux choses. Ses thèses ont-elles pour autant ébranlé ma foi ? Pas le moins du monde ! Au contraire, la lecture du roman m'a donné envie de me plonger dans les textes pour en apprendre plus sur une histoire que je trouve fascinante.

 

Finalement, s'interroger sans cesse n'est-il pas nécessaire à l'homme pour progresser ? Et comme le dit l'auteur, "l'humanisme doit être interrogatif, sous peine de ne jamais exister".

 

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Et pour finir, une petite citation : « Depuis quelques années, un certain Yéchoua, un rabbin contestataire, fait parler de lui en Judée. Au départ, l’homme n’avait pas grand-chose pour lui : un physique passe-partout, un accent de bouseux galiléen, et surtout, il venait de Nazareth, le trou du cul du monde. Normalement, cela aurait dû suffire à l’empêcher de devenir populaire ; mais ses discours toujours un peu mystérieux et décalés, ses phrases à l’emporte-pièce, ses fables orientales tantôt douces, tantôt violentes, son attitude complaisante avec les femmes, bref, en un mot, sa bizarrerie, lui a gagné des suffrages ».

 

Encore une preuve que Jésus était un homme avant tout (sinon il n'aurait pas autant souffert)

 

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Jours de pouvoir de Bruno Le Maire

Publié le par mademoisellechristelle

jours de pouvoir-copie-1L’histoire : « Jours de pouvoir » retrace le journal de bord de Bruno Le Maire de 2010 à 2012, à l’époque où il étaitministre de l’agriculture dans le gouvernement de François Fillon. Bruno Le Maire souhaite ainsi faire découvrir au lecteur le rôle d’un ministre au 21ème siècle ainsi que la place du pouvoir politique en France et dans le monde.

 

Etre ministre, c’est avant tout assurer des déplacements permanents. Bruno Le Maire va donc parcourir la France afin d’écouter les agriculteurs et les syndicats agricoles exposer leurs problèmes et trouver des solutions. Mais surtout, Bruno Le Maire voyage à travers le monde pour négocier les futures politiques agricoles européennes et mondiales et faire face aux pressions internationales. On est donc assez loin de la bureaucratie..

 

En réalité, Bruno Le Maire pose surtout la question de la place du pouvoir en France et dans le monde dans un contexte de mondialisation.. Les politiques sont-ils les seuls à avoir le pouvoir ou existe-t-il d’autres formes de « forces » pouvant influer sur des décisions d’ordre mondial ?

 

Enfin, être ministre, c’est aussi soutenir et défendre coûte que coûte la politique de son Président, notamment lorsque celui-ci fait campagne pour sa réélection. Mais c’est peut-être un peu plus compliqué quand on est ministre d’un Président qui se prend pour Louis XIV..

 

Ce que j’en pense : on a tous plus ou moins rêvé de pénétrer dans les coulisses du pouvoir et ce livre nous en offre une belle occasion.

 

A mon sens, deux thèmes y sont principalement abordés. L’auteur y traite tout d’abord de la question la place du pouvoir de nos jours et de la réelle prise de décision politique (mais qui tient les ficelles du pouvoir ?). Ensuite, à travers son récit, Bruno Le Maire dresse un portrait rapproché de Nicolas Sarkozy.

 

C’est incontestable : le livre de Bruno Le Maire est fort bien écrit et on sent chez celui-ci un réel talent d’écrivain (plus que de ministre ?). Pour nous raconter son passé de ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire choisit un ton très neutre et très descriptif. Il ne laisse donc que très rarement transparaitre ses sentiments.

 

Alors, Monsieur le Ministre, qui possède réellement le pouvoir au 21ème siècle ?

 

bruno le maireEh bien visiblement, ce ne sont pas les hommes politiques français. En effet, on a l’impression que ceux-ci ont plutôt un rôle secondaire, notamment dans la politique internationale.

 

Dans son livre, Bruno Le Maire nous fait partager son expérience à l’agriculture. Eh bien, croyez-moi, il passe beaucoup plus de temps à négocier avec ses homologues européens et internationaux qu’à prendre de véritables décisions.

 

Etre ministre ne consisterait donc pas à se la couler douce derrière un bureau mais à voyager sans cesse à travers la France et le monde (souvent au détriment de sa vie de famille) pour écouter les plaintes des uns et négocier plus de souplesse avec d’autres.

 

Bruno Le Maire nous le fait comprendre clairement : en matière d’agriculture, tout passe par l’Europe et rares sont les décisions qui se prennent à un niveau national. L’un des exemples qui m’a notamment frappé c’est l’épisode où Bruno Le Maire essaye de convaincre son homologue allemand de débloquer des fonds pour les plus démunis et que cette dernière reste totalement inflexible face à ses arguments car elle estime que l’Allemagne a déjà trop payé.

 

« Si nous ne maintenons pas l’aide européenne pour 2012 et 2013, des associations en Grèce, en Espagne, au Portugal, pas seulement en France, ne pourront pas financer les repas pour les pauvres. – C’est leur problème, pas le problème de l’Allemagne. – Il suffit de payer encore deux ans. – Deux ans ? Mais nous, nous payons pour les autres depuis des années et nous ne touchons pas un euro de cette aide, cela suffit. – Je comprends, Ilse, mais cela fait vingt-cinq ans que c’est le cas. – L’Allemagne ne paiera pas. – 200 millions d’euros ? Alors que vous allez payer des centaines de milliards d’euros pour sauver la Grèce ? – Raison de plus. – L’Allemagne va se retrouver isolée. Elle a tout le Parlement européen ou presque contre elle, vingt et un Etats sur vingt-sept et toute la Commission. – A cause de qui ? A cause de toi. – Ce n’est pas le sujet. Nous avons toujours travaillé parfaitement ensemble. Mais là, vous êtes isolés. – Nous ne sommes pas isolés, nous avons la Grande Bretagne avec nous ».

 

lemaire-sarkozy.jpgSi nos hommes politiques ne sont donc plus des décideurs et n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre sur les prises de décision, mais alors, qui prend les décisions ? A qui appartient le pouvoir ? Les pays dominants de l’Europe comme l’Allemagne ? Les organisations internationales ? Probablement..

 

J’ai également vu un autre indice dans un épisode au cours duquel Bruno Le Maire raconte comment le directeur de la banque mondiale est venu lui apporter ses « conseils » en matière de Politique Agricole Commune. Mais curieusement, ce point n’a pas été très développé.. Je vous laisse donc seuls juges de la qualité des « conseillers extérieurs » de la France en matière de PAC..

 

« La main qui gouverne ne tire plus toutes les ficelles du capitalisme, elle en tient encore à peine une ou deux, et si elle ne prend pas garde à ses choix, demain elle sera la marionnette, et le capitalisme la main. Un jour viendra où des entreprises, des patrons étrangers, des fonds de pension, des investisseurs diront « Faites ! » et nous nous exécuterons »

 

sarkozy-merkel-3-3c9bfN’étant pas spécialement admirative du personnage, je n’ai pas lu beaucoup de livres à propos de Nicolas Sarkozy. Et dans celui-ci, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il perd complètement de sa superbe..

 

Ce qui ressort de manière flagrante du livre, c’est l’obsession de Nicolas Sarkozy de vouloir tout contrôler et de vouloir être au centre de tout ce qui se passe au sein du gouvernement. Le lecteur remarquera d’ailleurs la quasi-absence de François Fillon dans le livre.

 

A ce titre, et d’un point de vue strictement personnel, j’ai eu presque l’impression de lire un livre sur le fonctionnement d’une monarchie absolue au 21ème siècle avec une politique intérieure et extérieure qui tourne autour de Nicolas Sarkozy notre bon roi !

 

Par ailleurs, le lecteur remarquera immédiatement que Bruno Le Maire a su parfaitement retranscrire sur papier le phrasé saccadé de Nicolas Sarkozy ; il a même pensé à reproduire les fautes de syntaxe. En lisant Bruno Le Maire, j’ai eu l’impression d’entendre parler Nicolas Sarkozy dans ma tête.

 

"Tu as mis tes bottes Hermès, Nathalie ? Elles sont magnifiques. Hermès, c'est cher, mais c'est magnifique." Le Président se tourne vers sa voisine : "Mais vous, Bernadette, vous êtes un peu gestionnaire d'Hermès, non ? - Comment ça, Nicolas ? - Maintenant que Bernard Arnault a racheté une part d'Hermès. Vous êtes bien au conseil de LVMH ? Donc vous êtes un peu gestionnaire d'Hermès. [...] En tous cas, Hermès c'est une belle maison. Mais qu'est-ce que c'est cher ! C'est hors de prix ! Le Kelly de base, pas le Kelly en croco, hein ? Le Kelly de base, il est quand même à 5.000 euros ! 5.000 euros ! Je l'ai dit un jour à la famille : "5.000 euros, tout de même, vous vous rendez compte ?" Mais si ! Je vous assure ! 5.000 euros ! Ecoutez, je suis pas un plouc, je connais"

 

Le livre de Bruno Le Maire est une sorte de cadeau empoisonné à l’ancien président puisque Nicolas Sarkozy a parfois une image ridicule et l’on a du mal à accorder du crédit à cet homme qui a pourtant été notre Président de la République pendant cinq années.

 

"Tu te fais maquiller, Nicolas ? » Un des interprètes chuchote la traduction à l’oreille du Président. « Ah, toujours Angela ! Toujours ! Sinon on a une tête, on se voit à la télé, franchement, c’est atroce la tête qu’on a ». Elle hoche la tête dubitative. « Moi, je n’aime pas me faire maquiller. – Ah, mais tu as tort, Angela, je t’assure, on est beaucoup mieux maquillé ! – Il faut avoir une bonne maquilleuse, alors. – Moi, j’ai une maquilleuse personnelle, Angela, elle est formidable, vraiment, elle est formidable ! » Le premier interprète accentue légèrement les inflexions de sa voix, pour bien se faire comprendre de la Chancelière. Elle boit une gorgée de thé, poursuit en allemand, et le second interprète, en léger différé, de quelques secondes seulement, souffle au Président : « Remarque, Nicolas, c’est comme pour le coiffeur, on s’est moqué de ma coiffure pendant des années, du coup un jour, je me suis dit, je vais aller chez le meilleur coiffeur de Berlin, et voilà, c’est pas plus compliqué que ça, plus personne ne se moque de ma coiffure ! » Elle fait un peu bouffer le bas de ses cheveux. Le Président, ironique : « Ah mais c’est très réussi, Angela, très réussi ! » Le premier interprète, cette fois hésite à mettre l’intonation, et finalement débite sa traduction sur un ton neutre. Le Président poursuit : « C’est parce que tu es coquette, Angela ! – Coquette ? » Des gouttes de sueur apparaissent sur le front du premier interprète. « Mais oui, coquette ! Tu crois que ça m’a échappé, ton histoire de décolleté, hein ? Ah ! Le décolleté d'Angela ! Tout le monde en a parlé en France !"

 

Et ne vous avisez pas de contrarier le roi, il pourrait vous arriver des bricoles..

 

"Assise derrière lui, Carla glisse : « Pourquoi tu ne laisses pas parler les autres, mon chéri ? Tu fais une réunion et tu ne laisses pas parler les autres, ça sert à quoi ? Il faut laisser parler les autres ». […] « Les autres, on s’en fout !"

 

Enfin, je ne pense pas spoiler la fin du livre en vous disant qu’à la fin de son règne, ses ministres avait tous pressentis la chute du roi soleil et que, malgré leur combat, un autre serait élu à sa place.

 

Le roi est mort ! Vive le roi !

 

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Et pour finir, une petite citation : « Les français, ils veulent me voir souffrir ; c’est comme ça ; ils me mettent en cohabitation : avec les journalistes, avec la presse, avec les sondages ; je me suis toujours construit comme ça, dans la difficulté ; je changerai pas ça, c’est trop tard. Mais je peux faire la rupture avec moi, ils le savent ; le second mandat, le dernier, je le construis autrement : je renouvelle ; je suis le Président apaisé. Personne ne se pose autant de questions sur ce Président que moi : personne ! Je m’interroge : pas besoin de psychanalyse, je le fais tout seul. »

 

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Publié dans Littérature

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