La délicatesse de David Foenkinos
La femme au miroir de Eric Emmanuel Schmitt
L’histoire : « La femme au miroir » raconte l’histoire de trois femmes, qui vivent à trois époques différentes. Toutes trois vont arriver à un tournant majeur de leur vie et se rendre compte qu’elles sont différentes de leurs contemporaines. Toutes trois ont tout pour être heureuses et possèdent tout ce que toutes les autres femmes ont toujours rêvé d’avoir. Et pourtant..
Anne vit à Bruges, à l’époque de la Renaissance. Alors qu’elle est sur le point de se marier avec l’un des meilleurs partis de la ville, Anne s’enfuit et se réfugie dans la forêt pour entrer en communion avec la nature et les animaux. Elle n’en ressortira que grâce à l’aide d’un moine un peu marginal. Il en est persuadé : Anne a refusé le mariage car elle est en réalité une servante de Dieu.
Hanna vit dans la Vienne impériale de Sigmund Freud. Hanna a tout pour être heureuse : elle s’est mariée avec un homme fortuné, véritable prince charmant de conte de fées et complètement fou amoureux d’elle ; tellement amoureux qu’il l’exhibe devant toute l’aristocratie viennoise tel un objet de fierté. Hanna confie pourtant son grand malheur à son amie d’enfance à travers ses lettres : elle n’arrive pas à être heureuse avec son mari. Bien qu’ayant un mari doux et attentionné, Hanna ne parvient pas à éprouver de réels sentiments amoureux pour lui et perçoit ses rapports sexuels comme des « exercices de gymnastique » sans fin. Mais surtout, elle se sent en dessous de ce que la famille de son mari attend particulièrement d’elle, enfanter.
Anny est une star que s’arrache le tout Hollywood de nos jours. C’est l’une des meilleures actrices de sa génération et une brillante carrière s’offre à elle dans le cinéma. Et pourtant, Anny sent un grand vide au fond d’elle qu’elle ne parvient pas à combler ; elle sent que sa vie manque de substance et que son univers est factice. Anny consomme drogues, alcools jusqu’à s’en étourdir et oublier ; elle consomme également les hommes avec qui elle entretient des relations plus que passagères. Tout cela n’a qu’un seul objectif : Anny cherche à s’autodétruire.
Pour échapper à leur destin, les trois femmes prennent la fuite et se réfugient dans ce qui était censé résoudre les problèmes à leurs époques respectives : Anne fuit son mariage et se réfugie auprès de Dieu ; Hannah fuit ses devoirs d’épouse et se réfugie dans la psychanalyse ; Anny fuit la gloire de Hollywood et se réfugie dans la drogue et l’alcool.
Ces trois femmes rebelles et insoumises vont pourtant choisir reprendre leur destin en main et donner un sens à leur vie malgré ce que les attentes de la société.
Ces trois femmes, que des siècles séparent, sont pourtant infiniment proches.. Ne formeraient-elles pas en réalité qu’un ?
Ce que j’en pense : Ce roman est un véritable coup de cœur: plus que ça, il m’a transcendé ! Eric-Emmanuel Schmitt a su me toucher tant dans les thèmes abordés que dans son écriture.
De manière générale, la cause de la femme est le thème principal de ce roman. L’auteur y aborde non seulement ses forces mais aussi ses faiblesses, ses désirs les plus profonds, ses angoisses, et surtout, l’image de la femme à travers le miroir de la société.
En effet, Eric-Emmanuel Schmitt a choisi d’intituler son roman « La femme au miroir » car les trois personnages n’arrivent pas à se refléter dans le miroir qu’offre la société. Et pour cause, ce miroir leur renvoie une image de ce qu’elles devraient être alors qu’en réalité elles souhaitent y voir ce qu’elles sont vraiment. D’ailleurs, symboliquement au début du roman, un miroir se brise..
J’ai été étonné du fait qu’un homme arrive si justement à décortiquer et analyser les sentiments des femmes. Moi qui avait cru que seul Stefan Zweig arrivait à décortiquer avec brio les sentiments humains.. c’est dire!
D’ailleurs, les trois héroïnes ont un rapport particulier avec l’autre sexe. Toutes trois subissent le désir des hommes, auquel elles veulent échapper. Anne s’enfuit le jour de son mariage, Hannah cherche à échapper à ses devoirs d’épouse et Anny, qui collectionne les hommes, se regarde dans le miroir et se demande « c’est qui cette pute […] qui a couché avec tous les garçons présents ? »
Le style du roman est plutôt fluide et léger. Malgré son épaisseur (450 pages), il se lit très facilement sans jamais éprouver la moindre sensation d’ennui. J’ai d’ailleurs trouvé particulièrement original le fait d’utiliser un style épistolaire pour raconter l’histoire de Hanna (style aujourd’hui complètement oublié par les auteurs contemporains). J’adresse également une mention spéciale à l’astuce de l’auteur pour lier les trois femmes..
Je pense que chaque femme peut retrouver une partie d’elle-même au travers de ces personnages qui ne pourtant que pure fiction. D’ailleurs, lorsque l’on ferme « La femme au miroir », on en viendrait presque à se demander : et si cette femme c’était moi ?
Et pour finir, quelques petites citations : « Dans quel but je me lève le matin ? A part ma collection, rien de la journée à venir ne m’attire. Néanmoins, bravement, j’endosse mon uniforme, je rabâche mon rôle, je révise mes répliques, je règle mes entrées ou mes sorties, je me prépare à la comédie de mon existence. Je languis peut être après un miracle… Lequel ? Cesser de me voir agir. Ne plus être ni l’actrice ni la spectatrice de moi-même. Arrêter de ma juger, de me critiquer, de percevoir mon imposture. Qu’enfin, tel un sucre dans l’eau, je fonde dans la réalité et m’y dissolve ».
« Pourquoi a-t-on inventé le cinéma ? Pour persuader les gens que la vie a la forme d’une histoire. Pour prétendre que, parmi les évènements désordonnés, que nous subissons, il y a un début, un milieu, une fin. Ca remplace les religions, le cinéma, ça met de l’ordre dans le chaos, ça introduit de la raison dans l’absurde ».
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Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, de Stefan Zweig
Passion du jeu, passion amoureuse.. Tout comme « le joueur d’échecs », Stefan Zweig plonge à nouveau son lecteur dans son thème de prédilection : la folie..
L’histoire : L’histoire se déroule sur la Côte d’Azur, au début du siècle dernier, dans une pension de famille pleine de gens « bien comme il faut ». Et pourtant.. oh scandale.. l’une des pensionnaires de cette respectable maison, Madame Henriette, pourtant déjà mariée, s’est enfuie avec un jeune homme qui n’avait passé qu’une seule journée à la pension.
Tout le monde semble la condamner sauf une personne : le narrateur. Il va tenter de comprendre ce qui a pu amener cette femme à suivre sa passion au détriment de la moralité et des "qu'en dira-t-on". Une personne va venir l’aider à comprendre son geste : une vieille dame anglaise très distinguée, Mrs C., qui va lui raconter comment vingt-heures auront à jamais changé sa vie.
Ce que j’en pense : c’est la deuxième nouvelle que je lis de Stefan Zweig et j’ai toujours autant de plaisir à la dévorer. Le style y est toujours aussi fluide, les mots sont choisis, le récit est synthétique mais suffisant.
« Vingt-heures de la vie d’une femme »met avant deux thèmes : la folie et la passion (l’une amoureuse et l’autre pour le jeu). Une passion qui va d'ailleurs conduire les personnages de cette nouvelle à la folie..
Stefan Zweig nous offre également une occasion de réfléchir sur la société dite "bien pensante" et les conséquences de la frustration des passions que l'on a enfouies. "Seuls peut-être des gens absolument étrangers à la passion connaissent, en des moments tout à fait exceptionnels, ces explosions soudaines d'une passion semblable à une avalanche ou à un ouragan : alors, des années entières de forces non utilisées se précipitent et roulent dans les profondeurs d'une poitrine humaine".
Peut-on vivre pleinement ses passions au mépris des conventions sociales ? Le narrateur semble penser que l'on ne doit pas juger une personne par les actes qu'elle commet. Après tout, si l'on ne vit pas ses passions, aura-t-on vraiment vécu ?
Je n'ai qu'un seul regret ou plutôt une seule frustration avec ce livre : on en veut plus ! Bref, à consommer sans modération !
Et pour finir, une petite citation : "Je déclarai que cette négation du fait incontestable qu’une femme, à maintes heures de sa vie, peut-être livrée à des puissances mystérieuses plus fortes que sa volonté et que son intelligence, dissimulait seulement la peur de notre propre instinct, la peur du démonisme de notre nature et que beaucoup de personnes semblait prendre plaisir à se croire plus fortes, plus morales et plus pures que les gens "faciles à séduire".
Un challenge qui invite au voyage..
Je me suis inscrite récemment au challenge proposée par Géraldine (pour voir son blog c'est par ici) et qui nous propose de partir pour une belle croisière dans les iles ! J'ai hâte de me plonger dans mes nouvelles lectures !
Beauté fatale de Mona Chollet
Un jour, une toile : Le Printemps de Botticelli
Lorsque je me suis retrouvée face à ce tableau de Botticelli, une seule chose s’est imposée à moi : m’asseoir et rester plantée là, à tomber en admiration devant tant de couleurs, de grâce et de finesse..
L’image que j’avais devant moi était tout simplement incroyable et me plongeait dans un imaginaire bucolique et romantique que j’ai toujours adoré.
De nombreux historiens ont cherché à interpréter cette toile dont le sujet demeure inconnu à ce jour. Il existe donc de multiples analyses de l’œuvre de Botticelli, toutes différentes les unes des autres. En voici néanmoins les grandes lignes.
Ce tableau serait une représentation allégorique d’un poème d’Ovide. Il nous fait découvrir un jardin à la végétation luxuriante ; les personnages apparaissent avec un visage doux et serein et sont peints avec grâce, subtilité et raffinement.
Au centre, levant la main droite, trône Vénus, véritable sujet du tableau (et non le Printemps), autour de laquelle gravitent de nombreux personnages. A côté d’elle, les trois Grâces dansent en formant une ronde. Elles symbolisent chacune la beauté, la vertu et la fidélité. Apparait également la déesse du Printemps, vêtue d’une robe à fleurs.
Tout à droite, on peut voir une nymphe (Flore, allégorie de Florence) poursuivie par Zéphyr, le vent du Printemps. De l’autre côté, un peu isolé, Mercure chasse les nuages avec son caducée. Enfin, tout en haut, Cupidon se prépare à décocher sa flèche sur l’une des trois Grâces.
Une analyse plus poussée de ce tableau donne lieu à diverses interprétations, toutes aussi controversées les unes que les autres.
Botticelli ayant emporté son secret avec lui, il ne reste plus à l’humble spectateur de cette scène qu’à s’asseoir, admirer l’œuvre du Maître et plonger dans son univers.
Le Printemps est aujourd’hui exposé à la galerie des Offices à Florence.
(sources : Wikipedia, Larousse, Insecula)
Le guide de la rupture amoureuse (pour les filles)
La passion Lippi de Sophie Chauveau